CFP 2023 Edito Psychiatrie et société

Et si je voulais rencontrer des personnes qui me parlent de la conspiration de l’espoir.
Et si je voulais rencontrer des jeunes d’aujourd’hui qui me font toucher leurs rêves et me permettent d’en comprendre la matière.
Et si je voulais rencontrer des méta-analyses qui font des prescriptions et des tours de magie.
Et si je voulais rencontrer des thérapeutes qui dissèquent les rêves.
Et si je voulais rencontrer une psychiatrie dont l’épistémologie ne soit pas diluée dans les organes.
J’irai au prochain Congrès Français de Psychiatrie.

La badasse de la conspiration de l’Espoir

Certaines personnes, tout sauf chimériques, font pourtant rêver. C’est le cas de Patricia Deegan. Elle est chercheuse, elle est psychologue, elle est militante de la défense des droits des personnes touchées par un trouble de santé mentale, elle est concernée, diagnostiquée schizophrène à 17 ans. Patricia Deegan a puisé dans son savoir expérientiel pour impulser le rétablissement en santé mentale (recovery). Elle utilise son témoignage singulier comme un outil théorique et pratique engageant les acteurs du soin à bâtir un socle commun de compréhension (common ground), une vision commune fondée sur ce qu’elle nomme une « conspiration de l’espoir » (conspirancy of hope). Pour vous frotter à la finesse et à la puissance de sa pensée, c’est en CLO1.

Les pairs-aidants sont-ils des chats ?

« Nous, usagers de psychiatrie devenus pairs-aidants avons eu plusieurs vies ». Ainsi commence le remue-méninges CLO1 animé par des pairs aidants. Ils se demandent, « et si j’avais rencontré un pair aidant quand j’étais patient… ». En tant qu’observateurs privilégiés de notre système de santé mentale à travers leurs pratique de l’intérieur, ils ont imaginé un atelier interactif où vous pourrez soit prendre part à des décisions idéales, soit au contraire participer à des directives catastrophiques concernant les parcours de soins. Faites vos jeux, rejoignez-les !

L’art de la jeunesse

Crise sanitaire ; augmentation des taux de dépression, des troubles anxieux et des tentatives de suicide chez les jeunes ; guerre en Europe ; difficultés économiques et sociales ; crise environnementale et climatique ; inégalités qui explosent… C’est comment d’être dans la peau d’un jeune en 2023 ? Et dans leur tête ? Quelle est la matière de leurs rêves ? Comment composent-ils avec l’absurde du monde ? Un sociologue, Michel Joubert ; une comédienne, Lou Joubert-Bouhnik et une musicienne, Lolita Morange ont répété pour vous un numéro de « théâtre-action » pour débattre de toutes ces questions (D03).

Les méta-analyses rendent-elles heureux ?

Quoi de mieux qu’une méta-analyse pour répondre à de grandes interrogations de psychopharmacothérapie ? La compilation de données fournit en effet un cadre rationnel et éclairant tant sur l’efficacité que les effets indésirables de traitements. Mais peuvent-elles, seules, constituer un guide Du bon usage de la prescription ? Pas sûr. D’abord, les méta-analyses sont dépourvues de magie. Elles ne peuvent sublimer les carences individuelles des études par la seule loi du nombre. Et, même lorsqu’elles sont parfaitement construites, elles peuvent donner lieu à des interprétations erronées. Sceptique ? Venez assister à une démonstration, preuve scientifique à l’appui, en FA03C.

Dissection d’un songe

Si les songes ont été interprétés dans toutes les civilisations et à toutes les époques, ce n’est que récemment que la psychologie et la psychiatrie s’y sont intéressées. Aujourd’hui, leur prise en compte est devenue incontournable dans le psychotraumatisme, particulièrement dans le cas de reviviscences nocturnes. Mais alors, « rêves et cauchemars seraient-ils détonateurs ou révélateurs de traumas ? ». Constituent-ils « une cible thérapeutique et/ou une porte d’entrée pour les soins du trauma ? ». Permettent-ils de « jauger l’efficacité thérapeutique » ? Pour le savoir, rendez-vous FA12.

La psychiatrie, c’est pas dans les organes !

Que constate-t-on depuis 30 ans ? Un désinvestissement des pouvoirs publics dans les soins en psychiatrie ; une réduction des moyens financiers ; une bureaucratie excessive entrainant une perte de sens, une fuite des personnels soignants et un accès limité aux soins. Dans ce contexte cauchemardesque, l’association PSYGE, qui promeut une psychiatrie humaniste et progressiste, rêve. Elle rêve d’impulser une dynamique d’enseignement et de recherche susceptible d’attirer les plus jeunes et de renforcer la discipline psychiatrique. Elle rêve d’une psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent qui redevienne une priorité au sein de l’hôpital général. Elle rêve d’une psychiatrie qui ne cherche pas sans cesse à donner des gages de sa scientificité. S’il vous arrive aussi de rêver d’une psychiatrie dont l’épistémologie ne soit pas diluée dans les enjeux contemporains de la médecine organique, rejoignez FA06.

Margot Morgiève
Paris