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CFP 2023 – Edito Psychiatrie de la Personne Âgée

…disait Montaigne, ou presque, je crois. Les Journées de Psychiatrie de la Personne Âgée 2023 du CFP vous proposent cette année 8 sessions thématiques/débats/rencontres avec l’expert articulées sur différentes actualités.

La sémiologie

« C’est terrible d’allonger la vie en prolongeant seulement la vieillesse », prétendait Georges Bernier, alias Professeur Choron, fondateur d’Hara Kiri et de Charlie Hebdo. D’autant plus que la « vieillesse », d’un point de vue médical, complexifie notablement l’approche sémiologique des pathologies psychiatriques rendue déroutante, atypique, avec des intrications psycho-organiques fréquentes, notamment pour la symptomatologie à début tardif.

Gabriel Robert évoquera la question de l’apathie, syndrome transnosologique par excellence, classiquement inaugurale dans les pathologies neuro-évolutives comme la maladie d’Alzheimer, souvent confondue à tort avec la dépression, mais présentant une sémiologie et une pathogénie distincte, ainsi qu’une approche thérapeutique spécifique (JPPA1). Toujours dans le champ de l’Alzheimer, et à un stade habituellement plus avancé de la maladie, Pierre Lavaud abordera la prise en charge des hallucinations, en présentant les nouvelles recommandations thérapeutiques (et de manière indépendante des recommandations récentes et de la maladie d’Alzheimer, la place de la psilocybine, puissant hallucinogène, comme option thérapeutique en psychiatrie de la personne âgée). Les orateurs présenteront également les liens entre désafférentation sensorielle, notamment la baisse de l’audition (et les hallucinations auditives classiquement consécutives de cette perte auditive) et le risque accru de conversion vers une atteinte démentielle (JPPA4). De manière plus large, Jean Olivier, Marine Tréard et Christophe Arbus discuteront des troubles psychiatriques à début tardif et de leur considération en tant que symptômes d’une pathologie psychiatrique « vieillie » ou d’une maladie neurodégénérative débutante, en décrivant notamment la notion de « trouble à début tardif » : mélancolie (LOD-M) (et sa relation avec les maladies neurodégénératives), manie (et sa proximité avec le syndrome frontal et avec le concept de Mild Behavioural Impairment MBI) et de trouble psychotique (JPPA7).

Autre exemple d’intrications psycho-organiques, les troubles neurodéveloppementaux (autisme, déficience mentale, épilepsie…), par définition d’apparition précoce dans la vie d’un individu, sont aussi associés à des modifications psycho-comportementales, cognitives et systémiques (atteintes cardio-vasculaires, gastro-intestinales) et à un risque de vieillissement pathologique. Stéphanie Miot présentera l’offre de soins actuellement disponible pour ces troubles et les modalités d’accueil envisageables en structures gériatriques dans un futur proche (JPPA5).

Les traitements

« La jeunesse est le temps d’étudier la sagesse, la vieillesse est le temps de la pratiquer » (Jean-Jacques Rousseau). Alors, discutons avec sagesse de la façon de prendre en charge les troubles psychiatriques de la personne âgée !

Certes la dépression de la personne âgée est très fréquente et certainement sous-diagnostiquée, mais Jean-Pierre Schuster et Pierre Vandel questionneront, au cours d’un débat, la part des patients traités par antidépresseurs « au long cours » pour une dépression de la personne âgée par rapport aux patients qui reçoivent une prescription réellement « adaptée et efficace », et d’une manière plus globale la question de l’efficacité, du choix de la molécule et de la durée de prescription des antidépresseurs dans la dépression de sujet âgé (JPPA3). En parallèle, Alexis Lepetit animera un symposium sur les stratégies de dé-prescription des Benzodiazépines (BZD) en EHPAD (En effet, 48 % des résidents d’EHPAD reçoivent des BZD – même si les prescriptions de BZD à demi-vie longue, les plus à risque de favoriser les troubles cognitifs et la conversion vers une atteinte démentielle, y sont 16 % inférieures comparativement aux seniors à domicile) et l’intérêt associé d’une prise en charge psychothérapeutique, qui pourrait s’avérer bénéfique lors d’un sevrage en BZD (JPPA6).

Le vieillissement et sa perception sociétale

« La vieillesse, c’est le temps où les anniversaires ne sont plus des fêtes », Robert Sabatier.

Le vieillissement amène à des questionnements philosophiques, éthiques et sociétaux considérables, qui seront discutés par Cécile Hanon (JPPA2) et Julien Vernaudon (JPPA8) : d’une part, le lien entre l’isolement et le sentiment de solitude des personnes âgées et le risque associé de suicide, avec une réflexion globale, sociétale et médicale, sur les actions à mettre en œuvre permettant de diminuer le sentiment d’isolement des seniors, en favorisant l’inclusion des personnes âgées au sein de la communauté (JPPA2) et d’autre part, une réflexion philosophique autour des changements observables au cours du temps, pour un individu donné atteint de la maladie d’Alzheimer, dans sa personnalité, ses capacités cognitives, ses volontés (directives anticipées), et le ressenti évolutif des aidants proches (JPPA8).

Alors même si l’écrivaine Benoîte Groult nous disait « la vieillesse est si longue qu’il ne faut pas le commencer trop tôt », je vous invite sans plus tarder à préparer votre voyage pour assister aux prochaines JPPA à Lyon !

Renaud David
Nice