CFP2023
Session thématique – Le numérique en santé mentale : fini de rêver !

Et si nous programmions pour l’Homme la machine de ses rêves ? Ce rêve serait-il partagé par la machine elle-même ? Mentirait-elle sur ses objectifs et le but qui l’anime ? Et si les fantasmes du programmeur prenaient le pas sur la réalité, l’innovation technologique devrait-elle être débranchée ?

Rencontre du troisième type

La rencontre avec le numérique peut être vue comme une rencontre du troisième type, il y a quelque chose à la fois d’étrange et de merveilleux qui cherche à rentrer en contact. Le contact est ainsi la clef et tourne autour d’un relationnel numérique que l’on observe, autant que le numérique nous observe nous-même. Car la question est aussi celle-ci : comment les technologies de santé doivent-être assemblées pour permettre une réelle connexion homme-machine en prenant en compte le poids de l’affectif, de l’histoire personnelle et de l’imaginaire ? Comment l’Homme peut-il laisser de cette rencontre, une technologie prendre le contrôle de son propre corps et de sa santé ? Et c’est bien de cela dont il est question : le pouvoir des choses matérielles et de la vitalité du non-humain.

Fais ton choix

Pour un programmeur, tout comme pour un utilisateur tout est une question de choix. Quelle technologie ? Quelle forme ? Quelle spécificité ? Pour ainsi dire, quelle est la technologie de vos rêves ?

La forme de vos rêves dépendra ainsi sûrement de vos affects, de vos craintes, de votre culture ou encore de votre profession. L’innovation ne fait pas socialement l’unanimité et les avis peuvent radicalement différer. En santé mentale il a ainsi été montré que, selon les profils de chacun, acteurs du soin ou usagers, les opinions divergent et que c’est le processus-même de développement et d’utilisation des outils qui mériterait d’être reprogrammé. La technologie en santé, par sa puissance génératrice peut modifier les pratiques et les concepts psychiatriques mais, en s’incrustant dans nos quotidiens, pourrait perdre son but même de santé et enlever de notre pouvoir d’autonomie.

Débranche tout !

Et si les technologies ne fonctionnent pas aussi bien qu’on l’espérait, devraient-elles être débranchées ? Ou devrions l’être nous ? La notion du corps dominante au cours des années et les relations complexes entre culture, corps et pratique médicale s’avèrent ainsi essentielles dans la compréhension de la technologie et de son implication, sa vie, dans la nôtre. Le projet IT4anxiety, mené à l’échelle européenne, se centre sur les approches de thérapies mixtes dans lesquelles les technologies complètent la médecine dite conventionnelle pour lutter contre l’anxiété dans les pathologies neurodégénératives et les troubles du stress post-traumatique. Comment ce projet se réalise et se rêve en réalité dans une démarche anthropologique ?  

N’ayez pas peur : si la technologie a une âme, elle a probablement un peu de la vôtre et elle, elle n’en finira pas de rêver !

Auriane Gros
Nice