Editorial “Psychiatrie Légale” de l’édition 2022 du Congrès Français de Psychiatrie

La notion de dangerosité psychiatrique s’immisce régulièrement dans les questions sociétales, au gré de faits divers particulièrement marquants. Cette question émerge dans les médias (cf. les reportages ou séries télévisées qui pullulent sur le thème), ou dans le débat politique dont les acteurs accaparent également le sujet. En témoigne l’affaire Halimi par exemple en 2017, qui a déclenché des vagues d’indignation, après que l’auteur eut été déclaré pénalement irresponsable. Affaire qui aura probablement contribué à une évolution législative de la définition de l’irresponsabilité pénale, dont une mise à jour substantielle a été faite en début d’année.

 

« Richesse de la clinique », « variété des tableaux », …. Les collègues travaillant au contact des populations carcérales ne manquent pas de qualificatifs valorisants, lorsqu’ils évoquent leur quotidien. Il n’en reste pas moins que ces populations présentent une clinique spécifique, tant pour les sujets incarcérés, que ceux hospitalisés sur injonction judiciaire, les fameux « 122-1 » qui évoluent entre les UMD, UHSA, USIP et autres secteurs fermés. Ces profils psychopathologiques inquiètent quant à leur évolution et sont de fait souvent « condamnés » à une double peine. Le Dr Nabhan Abou se propose d’éclairer le devenir de ces malades auteurs de crime (S05B), la littérature étant rare sur le sujet.

La loi, toute la loi, rien que la loi

En dépit d’un manque de communication, il y a pourtant eu une évolution majeure de la notion d’irresponsabilité pénale en janvier 2022, comme nous le rappelle les Drs Moncany et Marchant (S05A). En effet, la récente mise à jour des textes législatifs, via la loi du 24 janvier 2022, indique une restriction de l’irresponsabilité pénale en cas de trouble mental occasionné par une consommation volontaire de toxiques.

Quel terme ?

S’il existe un exercice particulièrement difficile, c’est bien celui de se prononcer sur la dangerosité, notamment lorsqu’il est question d’envisager un terme à une hospitalisation judiciaire avec toutes les craintes suscitées, du fait de la responsabilité professionnelle, mais aussi des attentes sociétales. Le Dr Laurent Layet répertorie les critères de levée (S05C), ce qui permettrait une uniformisation des pratiques, et pourrait constituer un « gold standard » auquel se référer.

Transition et mobilité

La littérature traitant de la santé mentale des sujets sortant d’incarcération, est rare. Afin de combler ce manque, l’étude Santé Mentale en Population Carcérale Sortante SPCS (S26A) se propose de mettre en exergue les aspects cliniques juste avant la sortie d’incarcération, et s’intéressera également au parcours de vie et de soins. Non contente de caractériser cette période charnière (sortie de prison et accès aux soins) (S26B), une jeune équipe a proposé des soins à cette population par le biais d’un équipe mobile (EMOT, équipe mobile transitionnelle), qui assure un relais entre la fin de l’incarcération et les prises en charge psychiatriques plus conventionnelles (S26C). Si vous souhaitez en savoir davantage sur la santé mentale des sujets en fin de peine d’incarcération, et découvrir une prise en charge innovante avec une équipe mobile dédiée à cette population, le parloir est par là !