Brrrrr… À l’heure où certains Hommes en affrontent d’autres à coups de traitements chocs et en dépit de tout humanité, à la poursuite d’une gloire perdue et prétendument bafouée, nous nous intéresserons à savoir comment le CFP se propose d’aider les Hommes à aller mieux au plan mental. Les présentations sur la thématique de la thérapeutique en 2022 semblent encore cette année tristement d’actualité…

Quoi de neuf du côté des psychothérapies ? Compassion et stress-post traumatique…

Présentation cette année de la Thérapie Fondée sur la Compassion (TFC), développée au Royaume-Uni. C’est une approche psychothérapeutique intégrative amalgamant différentes techniques (rythme respiratoire apaisant, pleine conscience, visualisation entre autres…) et permettant de construire une nouvelle relation à soi et aux expériences douloureuses, tout en stimulant le système parasympathique (R05).

Et la prise en charge du syndrome de stress post-traumatique en 2022 ? Qu’en est-il des thérapies chimio-facilitées du PTSD ? Les recommandations actuelles préconisent le recours en première intention aux approches de type TCC et EMDR, malgré un bénéfice et implication décroissants avec le temps. Le recours aux ISRS est possible, malgré un taux de réponse insuffisant. Les thérapies chimio facilitées (permettent d’améliorer l’efficacité d’une psychothérapie, souvent de type « exposition », avec un traitement médicamenteux) sont préconisées, notamment grâce à plusieurs classes pharmacologiques (hydrocortisone, D-cycloserine, propranolol, MDMA) et une efficacité satisfaisante mise en évidence avec le MDMA (malgré des effets négatifs sur l’humeur) ainsi qu’avec le propranolol (R09) (FA15 SMP).

Traitement pharmaco : guerre éclair ou de position ?

La dépression est la 2e cause d’incapacité dans le monde selon l’OMS, mais pourrait rapidement devenir la première cause (on n’en doute guère vu l’état du monde actuellement…). Les algorithmes décisionnels proposent des stratégies de potentialisation en cas d’échec des traitements de première ligne, notamment avec l’utilisation d’AntiPsychotiques Atypiques (APA), dont les données de la littérature proposent une vision contrastée si l’on doit tenir compte de l’efficacité (études cliniques) et de la tolérance (vie réelle). La question débattue sera la suivante : faut-il encore prescrire des APA en cas de non-réponse aux antidépresseurs ? (D01 )

Par extension, faut-il toujours prescrire des psychotropes alors que ces derniers seraient à risque de majoration du risque suicidaire ? (S29). Ainsi, la cohorte Algos met en évidence, 14 mois après une précédente tentative de suicide, une augmentation du risque suicidaire avec la prise de benzodiazépines et d’hypnotiques, sans effet modérateur des autres classes de psychotropes (et sans association entre prise de psychotropes et récidive de TS dans les 6 mois). Une autre enquête, avec des données issues de l’Assurance Maladie (111550 patients avec TS et 12312 suicides), a montré un risque accru de délivrance de benzodiazépines dans les 30 jours précédents un suicide ou une hospitalisation pour TS chez des patients sans trouble psychiatrique antérieur ou ayant un trouble psychiatrique (sans que l’on puisse toutefois conclure sur la nature de cette association). Ces travaux soulignent à nouveau l’importance d’évaluer le risque suicidaire avant et pendant toute prescription de benzodiazépines, et d’étudier des approches alternatives, comme la kétamine IV qui permettrait dès le 3e jour de traitement, et pour une période d’au moins 6 semaines, de supprimer les idées suicidaires dans presque 65 % des cas (contre 31 % pour le groupe placebo dans cette étude).

De même, faut-il maintenir les antipsychotiques au long cours pour les personnes avec un trouble schizophrénique ? (D07). Pour certains car ils aideraient à la prévention de la rechute et à la réduction de la morbi-mortalité, même si certaines études montrent actuellement l’intérêt du maintien à faible voire très faible dose pour un risque réduit de rechute. Pour d’autres, leur maintien au long cours entraînerait juste une augmentation légère et transitoire des symptômes psychotiques (notamment en raison de survenue du syndrome métabolique) avec amélioration des capacités fonctionnelles à doses plus faibles. L’intérêt d’une décroissance lente est également discuté (celle-ci est souvent trop rapide exposant au risque de psychose d’hypersensibilité dopaminergique).

Et les méthodes sans invasion… ?

On ne parle pas d’invasion territoriale bien sûr, mais surtout de stimulations cérébrales non invasives, essentiellement la rTMS et la tDCS… ! Souvent associées dans les esprits à leur intérêt dans la dépression résistante (avec des hauts niveaux de preuve et de recommandations pour la rTMS et la tDCS), ces techniques semblent pouvoir être bénéfiques également (à une moindre échelle) dans la schizophrénie, avec une réduction des hallucinations et de la symptomatologie négative pour la rTMS et des hallucinations auditivo-verbales pour la rTMS haute fréquence. Une étude évaluant le bénéfice coût/efficacité de la tDCS dans les dépressions non résistantes sera également présentée (S21).

Pour finir, à quand les pastilles à l’ocytocine, pour toute la planète… ?

Et oui ! Un peu d’attachement, d’empathie, d’anti-stress… ! Autant de vertus attribuées à l’ocytocine (aux multiples intrications dans les différents systèmes endocriniens, nerveux et immunitaires), qui pourrait lui conférer un rôle bénéfique très prochainement en santé mentale dans une prise en charge thérapeutique intégrative et de médecine de précision (R02).

Ou bien, une pluie planétaire de champignons hallucinogènes… !

Depuis une vingtaine d’années maintenant, on observe un net regain d’intérêt des thérapeutiques psychédéliques et autres ayahuasca, LSD, mescaline cactus peyotl, psilocybine. Celles-ci ont un mécanisme d’agonisme des récepteurs sérotoninergiques 2A potentiellement intéressant dans nos prises en charge thérapeutiques (C1).

Vous l’aurez compris, nous vivons une hystérie planétaire à juguler d’urgence… !

Les collègues Lyonnais s’y affairent en ouvrant un premier hôpital de jour TNF (TNF pour Trouble Neurologique Fonctionnel évidemment… le nom actuel de ce que l’on appelait jadis l’hystérie !!). Leurs premiers résultats sont prometteurs et montrent une amélioration significative de la qualité de vie des patients pris en charge. Des premiers essais thérapeutiques commencent à apparaître, évaluant notamment l’intérêt de la kinésithérapie, des prises en charge multidisciplinaires, de la toxine botulique, de la TCC, des thérapies en réalité virtuelle et des stimulations cérébrales non invasives (S16).

Avant le Dry January, juste après l’Octobre Rose, le CFP de novembre 2022 se devra d’être le NovCytocine … ! Un peu d’empathie et moins de stress, vite !!