CFP 2023 Edito Sciences Fondamentales – Recherche

Prenez place pour au moins quarante kilomètres de route entre rêve et réalité, où les belvédères ont des noms de conférences et où les interventions pourraient avoir des allures de Côte Pacifique. Vous voilà sur la fameuse Mulholland Drive, entre Lynch et Lyon. Vous voilà dans un cadre onirique qui surfera entre état de transe, rêves et biomarqueurs de sommeil et d’éveil.

Pour commencer, et pour profiter pleinement de la route, il vous faudra apprivoiser les états de transe. Au volant, Corine Sombrun, première Occidentale à avoir reçu le titre de chamane en Mongolie, vous montre le chemin. Au son du tambour, elle cherche à allumer l’étincelle chamanique qui sommeille en vous. Vous perdez le contrôle, vos mouvements se désorganisent, la route devient sinueuse, presque floue. Mais votre pilote connaît cette sensation, elle sait comment, par des routes parallèles, retrouver le contrôle et le pouvoir de rentrer en état de transe ou de le stopper. Au stop, François Feron embarque avec vous. Il emmène avec lui une dose de neurosciences nécessaire pour un état de transe réussi et la compréhension des modifications cérébrales qui s’opèrent en vous.

Nous sommes le jeudi 30 novembre, il est 13h45, vous êtes dans la Conférence 2 (C2), vous avez parcouru un tiers du trajet. À la radio, un mix moderne chamanique sorti tout droit du désert de Gobi, réveille vos oreilles.

Silencio !

La musique s’emballe, votre état de transe est loin, et vous voyez déjà quelques incohérences au sein de cette réalité imaginaire. La route a sûrement eu raison de vous et vous vous êtes tout simplement endormi mais vous restez lucide et conscient de ce qui est en train de se dérouler. D’un fond mauve surréaliste, vous plongez sur un oreiller rouge, il n’y pas d’orchestre et pourtant vous entendez un orchestre. Vous battez la mesure et Isabelle Arnulf décrypte vos rêves. Vous lui faites des signes volontaires pour indiquer le rythme et vos émotions qui en découlent. Nous sommes le vendredi 1e décembre 2023, vous êtes dans la Conférence 4 (C4), une journée complète vient de défiler durant votre nuit et vous êtes désormais un rêveur lucide. Vous ouvrez les yeux, Isabelle Arnulf a disparu et Perrine Ruby a prit sa place. Vous êtes en sueur, vous sortez d’une émotion intense, et elle vous invite à vous y replonger. Nous sommes 2h45 plus tôt, il est 11h et vous vous redirigez vers le Club Silencio. Vous lui parlez de ce passage sombre et sordide mais les couleurs deviennent plus vives, vous entendez l’orchestre mais vous n’avez plus besoin de battre la mesure pour vous rassurer. Vous êtes passés à la Conférence 3 (C3) et par le rêve évoqué, l’imagerie mentale répétée, vos émotions se sont régulées.

Pause

Il est temps de faire une pause et de contempler le panorama qui s’offre à vous. Vous êtes arrêtés au n°7701 de Mulholland Drive et avez une vue imprenable sur les studios d’Universal. Un certain nombre de panneaux colorés vous servent de repères. Aisté Lengvenyté, Antoine Lefrère et Anton Iftimovici, vos trois nouveaux comparses de route, explorent l’horizon et voient en ces panneaux, marqueurs de sens, une occasion d’échanger sur leurs travaux. Vous êtes dans le Forum des Associations (FA02) et il est temps de vous réveiller pour parler de biomarqueurs. Vous apprenez que les signatures périphériques sanguines, les signes neurologiques mineurs ou encore les marqueurs électrophysiologiques peuvent être comparés à des panneaux de signalisation ou de danger. Ils peuvent être ainsi une aide au diagnostic ou à la stratification des patients et cela dans un grand nombre de pathologies, allant des conduites suicidaires, des troubles bipolaires ou encore de la schizophrénie à l’autisme. Mais si vous clignez des yeux ou tombez de sommeil, Julia Maruani, Michel Lejoyeux et Pierre A. Geoffroy pourraient bien vous apprendre, au détour de la FA03J, que les biomarqueurs ne sont pas qu’utiles en plein jour et en état d’éveil. Car les altérations du sommeil pourraient aussi être des marqueurs prédictifs de comportements suicidaires.

Et vous êtes finalement peut-être déjà arrivés à destination si vous avez compris que les interventions telles que la thérapie cognitivo comportementale de l’insomnie et la répétition par imagerie mentale pour les cauchemars pourraient être efficaces dans la prévention et la prise en charge du suicide.

Alors pour vous rendre au CFP, ne prenez pas l’avion, prenez la Mulholland Drive bien accompagnés !

Auriane Gros,
Nice