CFP2023

S07 – La prévention du suicide avance encore !

Président : Nicolas HOERTEL – Issy-les-Moulineaux
S07A – Consensus Européen d’experts sur la gestion du risque suicidaire aigu – Philippe COURTET – Montpellier
S07B – Un dispositif de veille/intervention de crise réduit les récidives suicidaires – Guillaume VAIVA – Lille et Sandrine BROUSSOULOUX – Saint-Maurice
S07C – Des mesures combinées de prévention du suicide sur les lieux dits hot-spots – Nathalie PAUWELS – Lille

Face à une littérature scientifique aux directives ambiguës, les pratiques cliniques en suicidologie s’entrechoquent et leur cohésion fait défaut. Devant ce constat, une équipe d’experts européens entreprend d’harmoniser les approches et soumet ainsi un ensemble de recommandations concernant aussi bien l’évaluation du risque suicidaire que la gestion de la crise et la continuité des soins au-delà de celle-ci. A cette initiative, s’ajoutent les travaux menés par des acteurs dont l’efficacité n’est plus à prouver, auxquels nous vous proposons d’aller jeter un œil…

 Gérer le risque suicidaire : que disent les experts ?

D’après les experts, il conviendrait dans un premier temps d’effectuer chez les patients se présentant en consultation une évaluation du risque suicidaire systématique et minutieuse. Les antécédents devraient être rigoureusement pris en compte, de même que les informations fournies par les proches afin d’obtenir une vision approfondie de la situation. En cas d’ingestion de substances psychoactives par le patient au moment de l’évaluation, il s’agirait de reporter toute décision médicale.

Une hospitalisation ne serait envisagée qu’en présence d’un passage à l’acte suicidaire le jour même, et sa durée s’efforcerait d’être aussi limitée que possible. Durant cette période, l’environnement serait également sécurisé et la surveillance assidue. Il conviendrait par ailleurs de mettre en place une psychothérapie intensive en phase aiguë, dans laquelle on encouragerait le patient à s’impliquer activement grâce à différents outils (Safety Plan, éducation thérapeutique,…). Enfin, il s’agirait d’intégrer une personne de confiance à la prise en charge afin de pouvoir interagir avec l’équipe soignante en cas de manque de discernement du patient.

La transition délicate entre l’hospitalisation et les soins ambulatoires tendrait, quant à elle, à être accompagnée d’informations détaillées sur le cadre du suivi à venir ainsi que sur les dispositifs d’urgence disponibles en cas de crise. En cas de rendez-vous manqué par le patient, il conviendrait que l’équipe soignante se montre proactive en rappelant systématiquement ce dernier, limitant ainsi autant l’isolement que les risques de rupture de soin. Enfin, on privilégierait une dispensation fractionnée des médicaments, dont les molécules auraient été minutieusement sélectionnées.

VigilanS, ça avance !

Difficile d’aborder la prévention du suicide sans parler de ce dispositif qui attire l’attention et ne cesse de s’étendre à travers la France depuis 2015 : VigilanS. Son ambition ? Réduire le risque de récidives suicidaires en maintenant un contact étroit avec les personnes hospitalisées suite à une tentative de suicide.

Mais qu’en est-il concrètement de l’efficacité de ce programme ?

D’après l’étude de Santé Publique France portant sur les années 2015 à 2017, il semblerait que le risque de réitération suicidaire soit diminué de 38 % au bout de 12 mois chez les patients bénéficiant de VigilanS, qu’ils soient primo-suicidants ou non, hommes ou femmes.

Au cas où vous ne seriez pas déjà conquis, le dispositif permettrait également de faire des économies puisqu’un euro investi dans VigilanS ferait économiser deux euros de coût de santé. Alors, qu’est-ce qu’on attend pour y introduire nos patients ?

Notons tout de même que la diminution du taux de suicide a parallèlement été renforcée par d’autres acteurs engagés tels que le 3114, Papageno, Elios, le GEPS, « Dites je suis là » ou encore « Hop ma liste ».

Hotspots suicidaires : quand Papageno met des barrières

Penchons-nous à présent sur la question des « hotspots suicidaires ».

Qu’est-ce qui définit ces endroits singuliers ?

Il s’agit de lieux publics spécifiques, accessibles et non sécurisés, où l’on observe une récurrence de suicides telle qu’ils en sont devenus populaires et attirent fréquemment l’attention médiatique. Sept, c’est le chiffre moyen de suicides par an enregistrés sur ces sites.

Face à ce bilan délicat, comment faire pour réduire les risques associés à ces hot-spots ?

Le programme Papageno choisit de s’appuyer sur quatre leviers d’action. Tout d’abord, sécuriser le site emblématique car la restriction d’accès s’avère être le moyen le plus efficace contre le risque suicidaire. Parallèlement, il convient d’encourager la recherche d’aide par le biais d’actions telles que l’affichage et la communication d’informations sur les dispositifs de prévention du suicide. L’implication des tiers dans le repérage de personnes en souffrance psychique est également essentielle pour protéger ces derniers et les orienter vers les soins. Enfin, changer l’image publique du site en décourageant les mémoriaux et en instaurant un traitement médiatique responsable permet de contenir les risques de contagion.

Bien entendu, l’ensemble de ces méthodes seront d’autant plus efficaces qu’elles seront soutenues et favorisées par des relations de proximité avec la communauté politique.

Ainsi s’achève notre aperçu des progrès actuels dans lutte contre le risque suicidaire. Si nous étions plutôt confus au début, nous voilà désormais inspirés par ces différents travaux et déterminés à nous unir à leur quête !

 

Mélisande Etiévant,
Paris