Programme

L’Addictologie est une discipline qui s’est construite à partir de plusieurs disciplines médicales. La diversité des origines des universitaires en Addictologie en témoigne : psychiatres, pharmacologues, neurologues, gastro-entérologues, pneumologues, spécialistes de Médecine légale et de Santé publique… Dans la première communication sur les connexions Addictologie & Neurologie, Alain Dervaux abordera les difficultés diagnostiques de l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke à l’hôpital général et dans les services de Psychiatrie. Cette pathologie, décrite au XIXème siècle, reste fréquente : des lésions caractéristiques sont retrouvées chez 12% des patients alcoolodépendants à l’autopsie. Les errements diagnostiques entraînent encore trop souvent des conséquences dramatiques (syndrome de Korsakoff) pour les patients, les services de soins et la société. Les symptômes aux stades précoces sont peu spécifiques et prennent souvent une allure psychiatrique. La recherche systématique des critères de Caine, aujourd’hui reconnus au niveau international, aide au diagnostic précoce et à une évolution très rapidement favorable avec la vitaminothérapie B1. Dans la deuxième communication, Olivier Cottencin abordera les connexions addictologiques et psychiatriques. Celles-ci posent plusieurs types de problèmes, d’abord des problèmes diagnostique s: lorsque la consommation de substance psychoactive est chronique les symptômes psychiatriques sont confondus avec les symptômes liés à la consommation et aux effets induits par les substances. Elles posent également des problèmes pronostiques en raison de l’aggravation mutuelle des deux troubles. Enfin, elles posent des problèmes thérapeutiques, avec éviction fréquente des patients comorbides jugés trop psychiatriques en Addictologie ou trop addictologiques en Psychiatrie. Les soins dits « intégrés » visent à prendre en charge simultanément les deux troubles. Dans la troisième communication, Amine Benyamina abordera les connexions entre Addictologie et Santé Publique. Les dommages sanitaires et sociaux liés aux conduites addictives sont majeurs, en termes de mortalité, de morbidité, de décrochage scolaire, ou de coût pour la société et les finances publiques (hospitalisations, violences). Les consommations de tabac et d’alcool sont la cause de 115 000 morts évitables par an. Le poids du lobby de l’industrie de l’alcool et du tabac l'alcool est omniprésent, avec notamment des attaques répétées contre la loi Evin.

Auteurs : A. Dervaux (1) O. Cottencin (2,3) A. Benyamina (4,5) - 1) CHU Amiens (2) CHU Lille (3) Université de Lille (4)Hôpital Paul-Brousse AP-HP Villejuif (5) Université Paris Saclay

Références : Benyamina A. Addictions et comorbidités. 2014. Paris, Dunod, « Psychothérapies », 2014. 448 p. Cottencin O, Bence C. Addictions : soins obligés et soins motivés. Presse Med. 2016;45:1108-1116.  Dervaux A, Letiers B. Reconnaître et traiter l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke. Le Courrier des Addictions 2018; 20(1):3-4. Dervaux A, Laqueille X. Le traitement par thiamine (vitamine B1) dans l’alcoolodépendance Presse Med. 2017;46:165–171.

Mots clés : Encéphalopathie de Gayet-Wernicke, Addictologie, Santé Publique

Conflit d'intérêt : Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d'intérêt avec le contenu du symposium.

Auteurs : -

Les comorbidités addictives et psychiatriques encore appelées doubles diagnostics, posent un triple problème de diagnostic, de pronostic et de thérapeutique. En effet avoir deux maladies n’est pas un phénomène anodin et conduit inexorablement à une aggravation mutuelle des deux troubles. Ainsi pouvons-nous constater une augmentation des difficultés de prise en charge avec un allongement du temps d'hospitalisation, une augmentation de la fréquence des hospitalisations, une diminution de l’observance, une augmentation des rechutes ... Depuis les années 1990, un certain nombre d’équipes ont proposé comme solution une gestion au long cours des deux maladies, fondée sur le traitement conjoint de deux situations co-occurrentes qui n’est pas une simple addition de soins mais un travail centré sur la co-occurrence. En effet, si en fonction des organisations institutionnelles de chaque pays, un traitement séquentiel (une maladie après l’autre) a pu être proposé non sans difficulté, des traitements simultanés des deux troubles ont pu montrer une cohérence plus grande et une efficacité mesurable. Mais leur exercice dans des institutions différentes ont montré de nombreuses limites tant pour les patients que les soignants. Les traitements intégrés proposés dans les années 2000 considèrent à l’instar de l’équipe de Weiss qu’il s’agit de la même maladie avec des niveaux de complexité différents qui requiert une équipe thérapeutique unique. Cette équipe, formée à la psychiatrie et à l’addictologie, propose aux patients un programme de soins complets tenant compte des différents stades motivationnels de l’addiction, de l’acceptation et des phases du trouble psychiatrique qui en comparaison avec des traitements usuels ou séquentiels ont montré une meilleure stabilisation et un meilleur pronostic des deux troubles. Nous exposerons les programmes présentés dans ces études : un système de soin unique avec pour objectif de soigner l’association des troubles mais pas chacun des troubles adaptant les techniques de dépistage psychiatrique et addictologique et adoptant un langage commun psychiatrique et addictologique

Auteurs : Olivier Cottencin - Université Lille - CHU Lille Hopital Fontan 2 Service d'Addictologie 1, rue André Verhaeghe 59000 Lille

Mots clés : comorbidité psychiatrique et addictologique dual disorders / double diagnostic co-occurence traitement intégré

Conflit d'intérêt : O Cottencin a été orateur pour les laboratoires Indivior, Bouchara Recordati, Janssen-Cilag et Celgène.

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