Programme

Chez les sujets avec un trouble schizophrénique ou bipolaire, la psychoéducation des patients ou celle de leurs aidants est associée à une réduction des rechutes et des ré-hospitalisations ainsi qu'à une meilleure observance (1,2). Raison pour laquelle ce soin est désormais intégré aux recommandations thérapeutiques internationales (3). Actuellement, bien que les autorisations délivrées par les ARS garantissent la qualité de la démarche psychoéducative mise en œuvre, on peut regretter qu'elles n'intègrent pas l'évaluation de l'efficacité thérapeutique des programmes. Ainsi, les pratiques restent très hétérogènes sur le territoire français. Pour une population cible et des objectifs similaires, il est frappant de constater l'extrême diversité des programmes psychoéducatifs ou d'éducation thérapeutique du patient (ETP) disponibles sur le territoire, à l'échelle d'une région, voire au sein d'un même établissement ! Pourtant, la conception d'un programme complet est un processus long. Et une fois créé, des ajustements sont systématiquement nécessaires. Ainsi, il faut compter plusieurs années pour disposer d'un programme "mature". Dans d'autres disciplines, des initiatives sont en cours afin de standardiser les pratiques. Les écoles de l'asthme tentent d'harmoniser l'éducation thérapeutique sans y parvenir complètement. En psychiatrie, des programmes psychoéducatifs à destination des aidants - Profamille et plus récemment le programme BREF (4) - se sont imposés comme des standards en France. En revanche, malgré quelques tentatives restées infructueuses, aucun programme à destination des patients n'est parvenu à s'imposer comme une référence. L'application des recommandations thérapeutiques internationales, élaborées à partir de la recherche scientifique et médicale, s'accompagne inévitablement d'une harmonisation des pratiques en soins courants et ce, quelle que soit la discipline concernée. La psychoéducation et l’ETP devraient-elles échapper à cette règle ? En psychiatrie, faut-il harmoniser l'offre psychoéducative et l'ETP à l'échelle nationale en se dotant de programmes de référence selon les pathologies et les objectifs à atteindre ? La multitude et la diversité des programmes disponibles est-elle un atout ou un obstacle pour les patients ? les équipes ? le système de santé ? À l’heure d’une société ultra-connectée, comment justifier que chaque équipe de psychoéducation crée puis dispense son propre programme sans le partager avec d'autres ?

Auteurs : R. Rey (1,2) G. Chabridon (3) - (1) CH Le Vinatier (2) Fondation FondaMental (3) CHU de Dijon

Références : 1 - Xia J, Merinder LB, Belgamwar MR. Psychoeducation for schizophrenia. Cochrane Database Syst Rev. 2011 Jun 15;2011(6):CD002831 2 - Pharoah F, Mari J, Rathbone J, Wong W. Family intervention for schizophrenia. Cochrane Database Syst Rev. 2010 Dec 8;(12):CD000088 3 - Galletly C, Castle D, Dark F, Humberstone V, Jablensky A, Killackey E, Kulkarni J, McGorry P, Nielssen O, Tran N. Royal Australian and New Zealand College of Psychiatrists clinical practice guidelines for the management of schizophrenia and related disorders. Aust N Z J Psychiatry. 2016 May;50(5):410-72 4 - Rey R, Lourioux C, Vehier A, Dorion V, d’Amato T, Bohec, AL. BREF est associé à une réduction du fardeau des aidants. 18ème Congrès de l'Encéphale, Paris, 22-24 janvier 2020

Mots clés : psychoéducation éducation thérapeutique du patient aidants standardisation

Conflit d'intérêt : Pas de conflit d'intérêt à déclarer