CFP2022
D04 – Le refus scolaire anxieux : maladie psychiatrique ou maladie scolaire ?

Non pas pour ce débat qui tendrait vers un match nul ou une balle au centre, mais plutôt comme une possible cause du refus scolaire anxieux. Ces chiffres qui mettent la pression sur le carnet de note seraient-ils la cause ou seulement un facteur de refus scolaire anxieux ? Le match est lancé avec deux ballons d’or sur le terrain, Hélène Denis et Jordan Sibeoni.

Points forts :
– Il n’y a pas qu’un seul type de refus scolaire tout comme il n’y a pas qu’une seule cage de buts.
– La TCC est une technique de progression et de progressivité sur le terrain du refus scolaire anxieux.

C’est nul l’école !

Et même si un match ne se joue pas mais se dispute, les attaques sont timides en cette première mi-temps. Hélène Denis drible avec les classifications internationales pour approcher du but et préparer son action. Elle ouvre le score sur une position : le refus scolaire anxieux est une complication grave d’un ou plusieurs troubles anxieux. L’entrée de l’équipe adverse avec son capitaine Jordan Sibeoni, se fait sur un hymne de Renaud au refrain d’un « c’est quand qu’on va où ». Le joueur a choisi son camp et ce n’est pas celui du système éducatif. Selon lui, l’école cherche trop à mettre en avant l’homme du match, faisant prévaloir le culte de la performance individuelle plus que l’esprit d’équipe. Il tacle le Japon et son système rigide et individualiste comme une explication de la prévalence importante du refus scolaire anxieux. L’attaque est franche et ciblée, la défense est claire : c’est nul l’école et c’est peut-être pour cela que l’on n’y va plus. Un présupposé ?

1-1 à la récréation

Fréderic Kochman garde les buts et joue la montre en faisant entrer de nouveaux joueurs. Il s’associe à l’équipe d’Hélène Denis sur les comorbidités du refus scolaire anxieux, notamment avec le trouble d’anxiété de séparation, la phobie sociale et la dépression. Il quitte les buts pour l’équipe adverse et sort le carton rouge du harcèlement scolaire en rappelant qu’un enfant sur dix en serait victime et que l’école, parfois, préfère sortir le carton jaune. Score de 1-1 à la pause de la mi-temps avec une question qui persiste sur le terrain : est-ce le harcèlement scolaire ou d’autres comorbidités qui expliquent le refus scolaire anxieux ? Le temps d’une ola, c’est aux tribunes de prendre la parole. Certains clament qu’il n’y a pas qu’un refus scolaire mais des refus scolaires avec le risque que certains deviennent anxieux sans prise en charge adaptée. D’autres s’interrogent sur les réelles sorties de match des harceleurs et des pénalités possibles dans ces cas. Jordan Sibeoni drible et fait un petit pont à l’éducation nationale pour leur renvoyer la balle et rappeler leurs missions en interne. Le gardien termine la pause et sonne le commencement de la deuxième mi-temps en proposant l’entrée en jeu d’une nouvelle équipe associant l’éducation nationale et les professionnels de santé pour changer le jeu.

Retour à l’école

Hélène Denis, loin de retourner son maillot, sort également les crampons face à l’éducation nationale et un de ses programmes phares qui contiendrait beaucoup de facteurs de maintien de harcèlement scolaire. Ne perdant pas les buts de vue, elle revient rapidement sur le sujet du refus scolaire anxieux qui, elle le rappelle, n’est pas de la partie qui se joue actuellement quand on parle de harcèlement. La prise en charge des troubles anxieux a en revanche toute sa place sur le terrain et notamment la Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC). Une entrée en jeu réussie de la TCC qui permettrait une rémission de 50 % à 65 % des troubles anxieux. Hélène Denis remet ainsi la balle au centre en montrant l’importance de son équipe et de sa pluridisciplinarité. Progressivité et progression sur le terrain de l’école et jeu d’équipe semblent les clefs pour un match gagnant.

Aux attaques de l’équipe adverse elle répond que pour elle le collège n’est pas le problème. Un fait simple sur lequel elle s’appuie pour marquer des points : après une prise en charge, les enfants réintègrent la même classe et accepteraient même de rejouer de la flûte en cours de musique. Comme quoi ce n’est pas du pipeau ! Finalement, le refus scolaire anxieux serait donc une complication grave d’un ou plusieurs troubles anxieux dans un environnement anxiogène.

La sortie des classes

Sortie de classe ou sortie de route, Jordan Sibeoni rejoint le milieu de terrain en éloignant le refus scolaire anxieux du chemin de l’école. Il explique ainsi la confusion, et la source probable du match, par l’image de la Tour de Babel où tout le monde est censé parler la même langue mais que personne ne se comprend. Et si le match était nul et reposait seulement sur un terme qui ne prend pas les mêmes significations pour tous : « refus » et « scolaire » pour les parents, « anxieux » pour le médecin ?

Alors rendez-vous à la troisième mi-temps… Et pourquoi pas avec l’éducation nationale ?