R13 : Interventions de prévention des conduites addictives chez les adolescents les plus efficaces dans la littérature scientifique
Conférencier(s) : Enguerrand du Roscoät

Les points forts : les interventions recommandées qui ont un niveau de preuve élevé :

  • Les programmes interactifs visant le développement des compétences des parents et des enfants.
  • Les programmes ciblés d’aide à l’arrêt ou à la diminution des consommations en face à face à l’aide d’entretiens motivationnels ou de thérapies cognitivo-comportementales.
  • Les campagnes média pour le tabac (démarketing).
  • Les interventions visant à limiter réglementairement l’accès aux produits.
Qu’est ce qu’une intervention efficace en matière de prévention des conduites addictives chez les adolescents ? Auparavant, il s’agissait d’actions de sensibilisation des jeunes par des professionnels de santé. Aujourd’hui, la preuve de l’efficacité des interventions de prévention doit s’appuyer sur des protocoles d’évaluation, notamment de changements de comportements de santé sur des données surtout comportementales.

Dans une revue de la littérature sur ce sujet à l’aide de PubMed et Cochrane, Enguerrand du Roscoät et al., de l’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES), ont retrouvé neuf types d’interventions ayant fait la preuve de leur efficacité, avec des mesures et des indicateurs (1-4) :

1 – Interventions visant au développement des compétences des enfants (analyse de 22 études).
Ces interventions ont été les plus étudiées. Elles peuvent être ciblées par classe d’âge. Les compétences travaillées sont principalement la résistance à l’influence des pairs, la résolution de problèmes, l’affirmation et l’estime de soi, la gestion des émotions, en particulier de la colère et la gestion du stress. Les compétences sont généralement travaillées de façon interactive, par des mises en situation et des jeux de rôle.

Il faut souligner que les séances d’information traditionnelles sur les produits, type information par les services de gendarmerie, peuvent s’avérer dangereuses s’il y a dans le groupe de jeunes, des consommateurs expérimentés qui en profitent pour faire du prosélytisme en faveur des drogues.


2 – Interventions visant au développement des compétences des parents (2 études).

Ce type d’interventions a concerné surtout les femmes enceintes, notamment lors de visites à domicile ou en PMI. Ces interventions visent à favoriser un environnement plus favorable, « secure » et à atténuer les sentiments de solitude. En général, il y a des interventions conjointes avec les enfants qui visent à améliorer les capacités parentales à fixer des limites et à gérer les conflits de façon interactive.
 
3 – Interventions visant au développement des compétences des parents et des enfants (13 études).
Ces interventions sont surtout destinées aux familles cumulant les facteurs de risque. Elles visent à favoriser la construction précoce de bonnes relations parents/enfants et le développement psychoaffectif des enfants. Elles peuvent être délivrées dès la maternelle.
 
4 – Stratégies à compétences multiples (19 études).
Ces interventions impliquent d’autres acteurs locaux, en particulier la police, la justice, les associations, la presse locale. Elles peuvent inclure un soutien scolaire et des aides sociales.
 
5 – Interventions fondées sur les entretiens motivationnels (6 études).
Ces interventions se pratiquent surtout en groupe, à proximité des événements négatifs induits par la consommation, notamment dans les services d’urgences.
 
6 – Interventions incluant une intervention psychothérapeutique (4 études).
Ces interventions sont surtout fondées sur les thérapies cognitivo-comportementales et les thérapies systémiques.

7 – Interventions d’aide à distance (4 études).
Ces interventions sont médiatisées par des services téléphoniques à l’aide des nouvelles technologies : Internet ou envoi de SMS. Elles sont fondées sur des techniques motivationnelles ou cognitivo-comportementales, pouvant être interactives.
 

8 – Campagnes média (2 études).

Les campagnes média les plus efficaces concernent le tabac. Elles sont fondées sur le « démarketing », par exemple, ou on va se moquer des fumeurs. Il peut s’agir également de l’accompagnement d’une campagne nationale au niveau local.
 
9 – Interventions au niveau législatif et réglementaire (9 études).
L’objectif de ces interventions est de limiter l’accès aux substances. Elles ont montré leur efficacité notamment pour l’alcool et le tabac, par exemple l’obligation des paquets neutres.