Editorial “Psychiatrie et société” de l’édition 2022 du Congrès Français de Psychiatrie

Quoi de neuf en psychiatrie docteur ? Perec se demandait comment décrire, comment interroger « ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l’évident, le commun, l’ordinaire, l’infra-ordinaire, le bruit de fond, l’habituel ». Pour réinterroger ce qui semble tellement aller de soi, ou interroger ce qui semble tout au contraire tellement loin de soi dans les pratiques contemporaines en psychiatrie, c’est évident, il faut venir au Congrès Français de Psychiatrie (CFP). Cette année, il est notamment question de thérapies vintage mais recyclées, de spiritualité, de LSD, de cyclones et de mythes…

Faut-il parler des psychédéliques ?

Du bruit de fond de la psychiatrie, se détache une rumeur : la « Renaissance psychédélique » S24. La recherche sur ses substances s’est figée dans les années 1960, gelée par des souffles épistémologiques, politiques et culturels. Elle s’anime à nouveau, découvrant des tensions entre expériences mystique, clinique et (neuro)scientifique C1. Quels sont les tuteurs légitimes pour bien faire pousser les boutures de ces « psychedelic studies » ? Et d’abord, faut-il parler de « psychédéliques » ? Ou doit-on préférer une autre terminologie ? On en débat en D03.

Psychiatrie : des cyclones et des mythes.

Bon nombre de croyances en psychiatrie, qu’elles aient pour objet les maladies, leurs causes ou leurs traitements semblent erronées ou infondées. Le problème est qu’elles n’évoluent pas dans un monde éthéré fait uniquement d’idées. Elles se traduisent, très concrètement, dans un monde qui stigmatise, qui discrimine, qui exclut, qui entrave le soin. Comment traiter ces représentations si dépréciatives ? La tâche n’est pas aisée si l’on en croit Gustave Lebon, pour qui : « on ne discute pas plus avec les croyances qu’avec les cyclones ». Trois téméraires orateurs tentent de raisonner dans cette tourmente. Ils nous diront comment les croyances se forment, comment elles nous limitent, pourquoi nous n’aimons pas qu’elles soient remises en question. Ils exploreront l’espace public, les médias contemporains mais aussi le cabinet des psys, car « les fausses croyances, ça n’arrive pas qu’aux autres ». Vous ne croyez pas ? Venez voir au symposium S01.

Les thérapies peuvent-elles être spirituelles ?

De nouvelles thérapies émergent, certaines fondées sur des pratiques pourtant ancestrales. Les pratiques méditatives ont ainsi inspiré les thérapies de pleine conscience et compassion (TPC). Un psychiatre et un philosophe s’affrontent dans une battle de questions soulevées par ces nouvelles pratiques : peut-on dénouer les exercices spirituels pour en faire une thérapie ? Que transmet-on alors ? Est-ce légitime ? Est-ce une imposture ? Réponses au débat D05.

Parler de la pluie, du suicide et du beau temps.

À travers le monde, des chercheurs ont retrouvé une association positive entre la température et les conduites suicidaires. Mais qu’en est-il des facteurs météorologiques ? Quelles sont vos prévisions à vous ? Le premier bulletin en France métropolitaine sera présenté en FA03B. Il n’y aura pas d’écran monochromatique, ni bleu, ni vert, mais une projection des résultats qui montrent une saisonnalité des suicides et tentatives de suicide, avec un pic au mois de mai, et une chute en février et en août ainsi qu’une association statistiquement significative entre la température, la vitesse du vent et le taux de suicides.