S27 – Psychiatrie et Société – Points SIGAPS ou nombre de LIKE : qu’est-ce qui fait vraiment avancer la psychiatrie ?

En quelques semaines, il est devenu le médecin le plus connu du globe…
Avant cela, Didier R. était pourtant un top expert international en virologie (un des plus gros auteurs dans les revues scientifiques à très haut facteur d’impact, directeur de l’IHU Méditerranée Infection qui a reçu l’une des plus importantes subventions jamais accordées par l’Etat dans le cadre du programme investissements d’avenir (PIA) (72 millions d’euros)), mais totalement inconnu du grand public… Comment est-il devenu si « viral » en si peu de temps ? Comment a-t-il utilisé les médias et réseaux sociaux pour sa propre communication, en ayant toujours un coup d’avance, que ces propos soient vrais ou non ? La psychiatrie en 2020 doit-elle s’inspirer d’une telle démarche pour toucher directement le grand public ?
Notre discipline souffre en effet d’une image souvent proche des patients qu’elle représente : totalement stigmatisée voire souvent erronée… ! La représentation des pathologies mentales, de l’environnement psychiatrique et des psychiatres telle que proposée par le cinéma ou les médias, est trop souvent caricaturale.

Comme le décrit Guillaume Fond, les articles scientifiques dans les revues psychiatriques à fort facteur d’impact n’intéressent pas forcément les journaux grand public et inversement. Il n’y a donc pas de lien entre la valeur d’une production scientifique et son retentissement médiatique ultérieur auprès du grand public. Les psychiatres devraient, de ce fait, médiatiser et vulgariser eux-mêmes leurs messages. Ce que font parfois très bien les stars, de nos jours, à l’heure des réseaux sociaux : le fameux « effet Zeta-Jones » (une sorte de « coming out » psychiatrique), du nom de l’actrice de cinéma, qui médiatisa sa bipolarité, en remportant un écho médiatique et une empathie/compassion individuelle plus forte que celle de n’importe quel psychiatre. Plus récemment, Lady Gaga, dans une de ses chansons, a même explicitement fait la promotion des « antipsychotiques pour aller mieux », sans aucun tabou…

Certains psychiatres, Jean-Victor Blanc en tête, prônent cette vulgarisation de la psychiatrie et des messages importants sur la santé mentale, avec des méthodes telles que la « cinéméducation » (utiliser des films du box-office pour la formation académique), « l’infotainment » (séries documentaires sur la santé mentale diffusées sur des chaines télévisées de loisir telles que Netflix) et le « celebrity marketing » (utiliser l’aura d’une star pour valoriser ou transmettre un message, comme Angelina Jolie et sa mutation BRCA1 qui a vu s’envoler le nombre de mastectomies préventives à l’échelle mondiale).

Plus encore, changer l’image d’une pathologie ou d’une discipline doit-elle passer par un changement de son nom (en clair, faut-il renommer la schizophrénie) ? Cette question du « rebranding » ou « reboot » est suggérée par plusieurs mouvement psychiatriques.

Une chose est sûre cependant, Didier, en faisant son « coming-raoult », a clairement boosté sa notoriété populaire, mais également son index-H (la notoriété scientifique se construit aussi sur le nombre de « clics », en l’occurrence, les citations d’un auteur par ses pairs…) !