Programme

Dans le contexte de la propagation du virus de la COVID-19 à partir de l’année 2020, les hôpitaux suisses ont dû repenser l’articulation et la logistique de plusieurs services afin de répondre aux besoins découlant de cette nouvelle patientèle. Les professionnels de la santé impliqués dans ces mesures n’ont pas cessé de s’adapter. Charge de travail intense, risque permanent d’infection, clinique organique instable et rapidement évolutive, effectifs d’équipes réduits, mesures imposées de télétravail avec le développement conséquent des téléconsultations ne sont qu’un bref exemple de l’impact de la situation sanitaire sur le personnel soignant vivant un état de fatigue pandémique. Dans ce paysage désécurisant, la créativité professionnelle est devenue la condition pour survivre à l’incertitude professionnelle et sociétale. Seront d’abord abordés les dimensions et enjeux liés à la fatigue pandémique des soignants dans les soins somatiques, en exposant les stratégies développées au sein de la Cellule psychologique COVID-19 Nord/Broye organisée sur le plan politique socio-sanitaire et rattachée à une équipe pluridisciplinaire de psychiatrie de liaison dans la région Nord de l’Etat de Vaud. Les vécus des soignants témoignent d’un état psychologique altéré, où la limite entre prévention et soutien peut devenir floue. Il sera ensuite décrit l’impact de la COVID-19 sur une unité de psychiatrie hospitalière de l’ouest vaudois. En quelques jours seulement, plus de la moitié de l’équipe clinique a été contaminée, ceci engendrant des défis tant professionnels que personnels (nouveaux circuits de soin, absentéisme aigu, surcharge, souffrance psychologique). A partir de cette expérience sans précédents, une étude clinique rétrospective sur le vécu des soignants touchés par le cluster infectieux a été menée avec l’objectif d’apporter une réflexion plus large sur la gestion managériale et clinique dans ce type de situations extraordinaires. Finalement, le focus sera mis sur le développement rapide de la téléconsultation en psychiatrie et psychothérapie. En effet, si la télé-psychiatrie est connue et étudiée depuis longtemps, elle est restée très peu utilisée. Avec la crise de la COVID-19, son usage s'est retrouvé en quelques semaines généralisé. Le passage du « présentiel » au virtuel a inévitablement remanié l’espace thérapeutique de la consultation, tant au niveau du cadre que de la relation thérapeutique, ainsi qu’en termes d’accès à la formation pour les soignants.

Auteurs : Giorgio Maccaferri (1) Benjamin Lavigne (2) Yasser Khazaal (3) - (1) Unité de Psychiatrie de liaison Nord, CPNVD, Avenue des Sports 12, 1400 Yverdon-Les-Bains, Suisse (2) Hôpital psychiatrique de Prangins, Chemin Oscar Forel 1, 1197 Prangins, Suisse (3) Service de médecine des addictions du CHUV, Rue du Bugnon 23, 1011 Lausanne, Suisse

Références : Chen, Q., Liang, M., Li, Y., Guo, J., Fei, D., Wang, L., et al. (2020). Mental health care for medical staff in China during the COVID-19 outbreak. Lancet Psychiatry. Lai, J.; Ma, S.; Wang, Y.; Cai, Z.; Hu, J.; Wei, N.; Wu, J.; Du, H.; Chen, T.; Li, R., et al. Factors Associated With Mental Health Outcomes Among Health Care Workers Exposed to Coronavirus Disease 2019. JAMA Netw Open 2020, 3, e203976, doi:10.1001/jamanetworkopen.2020.3976. Schimmenti, A.; Starcevic, V.; Giardina, A.; Khazaal, Y.; Billieux, J. Multidimensional Assessment of COVID-19-Related Fears (MAC-RF): A Theory-Based Instrument for the Assessment of Clinically Relevant Fears During Pandemics. Frontiers in Psychiatry 2020, 11, 74, doi:10.3389/fpsyt.2020.00748. Maccaferri G.E. La pandemia Covid-19. L’ascolto del personale sanitario in psichiatria di liaison: l’esperienza svizzera. In: Luciano Peirone, Nuovo coronavirus. Forme di resilienza umana per contrastare un nemico invisibile, Anthropos, oct. 2020, pp188-204. http://www.formalzheimer.it/wp-content/uploads/2020/10/NUOVO-CORONAVIRUS-E-RESILIENZA.-eBook-completo.pdf

Mots clés : Covid-19, santé mentale, personnel soignant, stress, psychiatrie de liaison, télé-psychiatrie

Conflit d'intérêt : aucun

Dans le contexte de propagation conséquente du virus de la COVID-19 durant l’année 2020, les hôpitaux de soins généraux suisses ont dû repenser à l’articulation et à la logistique de plusieurs services afin de répondre aux besoins découlant de cette nouvelle patientèle. Les professionnels de la santé impliqués dans ces mesures ont dû s’adapter à cette situation exceptionnelle, tant sur le plan professionnel que personnel, et ce à plusieurs reprises en raison des différentes vagues pandémiques. Charge de travail importante, développement en état de crise de compétences professionnelles, patientèle avec une clinique instable et changeante rapidement, augmentation du nombre de décès, temps de repos insuffisant, un effectif réduit, ne sont qu’un bref impact de la situation sanitaire, vécue par le personnel soignant, ayant vécu un état de fatigue pandémique. Soutenir la santé mentale du personnel soignant en proposant un dispositif de soutien spécialisé est devenu évident et nécessaire dans ce contexte. En Suisse, dans la région nord du canton de Vaud, et plus précisément au sein de plusieurs établissements hospitaliers régionaux, une équipe pluridisciplinaire de Psychiatrie de liaison a développé une nouvelle approche visant à offrir des espaces protégés d’écoute, d’observation et d’accompagnement à l’attention des soignants, toute ligne métier confondue. Une ligne téléphonique accessible par le personnel, découlant par la suite sur des entretiens individuels, des supervisions d’équipe planifiées ou programmées ont été au centre de cette action. De plus, un outil informatif et préventif, sous forme de plaquette psychoéducationnelle a été conçu pour l'occasion afin de guider les collaborateurs à mobiliser leurs ressources et à trouver de l’aide ciblée. Nous proposons de pouvoir aborder les différentes dimensions et les enjeux liés à la fatigue pandémique des soignants en période COVID-19, et d’exposer, à notre échelle régionale, les différentes stratégies développées pour faire face à cette épidémie infectieuse sans précédents.  

Auteurs : Dr Giorgio Maccaferri - Service de psychiatrie adulte nord ouest (région Nord), Département de psychiatrie du CHUV, Yverdon-Les-Bains, Suisse

Références : 1. Brooks, S.K., Webster, R.K., Smith, L.E., Woodland, L., Wessely, S., Greenberg, N., et al (2020). The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence. The Lancet. doi: doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30460-8 2. Carvalho, P., Moreira, M.M., de Oliveira, M.N.A., Landim, J.M.M., Neto M.L.R. (2020). The psychiatric impact of the novel coronavirus outbreak. Psychiatry research; 286:112902. 3. Kang, L., Li, Y., Hu, S., Chen, M., Yang, C., Xiang Yang, B., et al. (2020). The mental health of medical workers in Wuhan, China dealing with the 2019 novel coronavirus. Lancet Psychiatry; https://doi.org/10.1016/S2215-0366(20)30047-X. 4. Maccaferri, G.E. La pandemia CoViD-19. L’ascolto del personale sanitario in psichiatria di liaison: l’esperienza svizzera. In: Luciano Peirone, Nuovo coronavirus e resilienza. Strategie contro un nemico invisibile. Anthropos, oct. 2020, pp 188-204.

Mots clés : Fatigue pandémique, COVID-19, Psychiatrie de liaison

Conflit d'intérêt : aucun

Entre le 4 janvier et le 1er févier 2021, deux unités de psychiatrie de l’adulte de l’hôpital de Prangins, en Suisse, ont vécu un cluster épidémique lié au COVID-19 d’une violence soudaine et inattendue : en deux semaines, 18 collaborateurs et 5 patients ont été testés positifs au virus. Tous ont été aussitôt placés en quarantaine pendant au moins dix jours, certains ont bénéficié d’arrêts de travail prolongés, de deux semaines à trois mois. Certains ont vécu des formes simples, quasi-asymptomatiques ; d’autres ont eu des formes plus compliquées, trois ont dû être hospitalisés. Durant le mois de janvier, les deux unités ont donc été très lourdement impactées par l’épidémie, et ont dû se réorganiser en urgence pour poursuivre la prise en charge de personnes hospitalisées malgré la pénurie brutale de personnel. Grâce à la solidarité entre les secteurs, les admissions ont pu être interrompues, et 16 lits ont finalement été fermés. Courant juin, une étude a été menée auprès des professionnels de ces deux unités pour recueillir leur vécu de ces semaines de janvier. Les principaux éléments qui en ressortent sont qu’une majorité d’entre eux avaient peur d’attraper le COVID et de le transmettre à leurs proches, et qu’ils ont ressenti plus d’anxiété et d’irritabilité en janvier ; que ce n’est plus le cas au mois de juin ; qu’une majorité d’entre elles a considéré les décisions et restructurations prises en janvier comme adaptées à la situation, bien que probablement prises trop tardivement ; qu’il n’y a pas eu un impact majeur sur la prise en charge des patients ; que la hiérarchie a été bienveillante et à l’écoute, en mettant la priorité sur les patients par rapport aux collaborateurs. A l’issue de cette période si particulière, il ressort de cette étude que la confiance en la hiérarchie est meilleure, bien que la majorité des personnes considère que tout n’est pas redevenu comme avant. Il revient aux cadres médicaux et soignants de prendre en considération ces éléments pour pouvoir s’adapter d’une manière encore plus optimale si une telle situation devait se reproduire. Ces études semblent un outil intéressant pour s’assurer qu’il n’y ait pas un vécu trop douloureux des équipes médicales et de soins, qui nécessitent un soutien lors de situations de crises. Elles mettent aussi en évidence l’importance de décisions proactives, et d’une solidarité entre services, lorsqu’une unité de soins vit une situation si particulière.

Auteurs : Benjamin LAVIGNE - CHUV, Service de Psychiatrie de l'Adulte Nord Ouest, Hôpital de Prangins, Prangins, Suisse

Mots clés : COVID-19 ; management ; crise

Conflit d'intérêt : Aucun

Auteurs : -