Programme

En février 2020, s’inaugurait la foire d’art contemporain de Madrid avec comme slogan « ce n’est qu’une question de temps ». Cet hommage à Felix Gonzalez Torres s’avèrerait très vite être une ironie du sort. Un an plus tard, le temps est il vraiment passé ? Qu’en avons-nous perçu ? C’est l’occasion de mettre en avant un champ de recherche excitant sur la perception du temps et ses éléments modulateurs, cérébraux, émotionnels, sociaux. Le temps psychologique ne s’écoule pas suivant le rythme de nos montres mais se déforme avec l’âge et selon l’humeur, les émotions, la mémoire, l’attention. Un deuxième facteur est l’environnement social, dont les horaires ne tiennent pas compte de l’horloge biologique. La perception du temps est cruciale pour notre façon de vivre le monde et la génération de comportements appropriés. Malgré l'importance majeure du passage subjectif du temps dans l'expérience et la cognition, ses fondements restent flous. À la confluence des signaux émotionnels, interoceptifs et environnementaux, le cortex insulaire sous-tend la conscience du passage du temps. N Mella nous informera sur le rôle de l'insula dans le traitement de la durée émotionnelle et dans l'estimation du temps en général. Ainsi, l’insula semble être impliquée dans les processus de discrimination impliqués dans l'estimation du temps plus que dans l'allongement lié aux émotions. Puisque l'expérience du temps est un miroir de l'analyse introspective des individus en fonction de leur contexte personnel, social et environnemental, l'expérience du confinement est une situation sans précédent qui mérite d’être étudiée. S Droit Volet a réalisé plusieurs grandes études populationnelles à cette occasion, pour examiner l'expérience déformée du passage du temps pendant le confinement et ce qui la sous-tend. Les résultats ont montré que le temps semblait passer plus lentement pendant le confinement qu’avant et que le principal facteur prédictif de cette expérience était l'ennui, en partie expliqué par le manque d'activité. Il a été rapporté que la perception du ralentissement du temps influence l'intensité et la durée du processus suicidaire. Nous avons observé dans une étude observationnelle de 400 patients dépressifs et témoins sains, suivis durant la pandémie (mars 2020 - février 2021), une prévalence élevée des idées de suicide chez les patients, expliquée par la solitude et l’ennui. Nous présenterons les analyses sur la perception du temps et la douleur psychologique.

Auteurs : Ph Courtet - U Montpellier

Références : Mella N, Bourgeois A, Perren F, Viaccoz A, Kliegel M, Picard F. Does the insula contribute to emotion-related distortion of time? A neuropsychological approach. Hum Brain Mapp. 2019 Apr 1;40(5):1470-1479. Martinelli N, Gil S, Belletier C, Chevalère J, Dezecache G, Huguet P, Droit-Volet S. Time and Emotion During Lockdown and the Covid-19 Epidemic: Determinants of Our Experience of Time? Front Psychol. 2021 Jan 6;11:616169. Cáceda R, Carbajal JM, Salomon RM, Moore JE, Perlman G, Padala PR, Hasan A, Delgado PL. Slower perception of time in depressed and suicidal patients. Eur Neuropsychopharmacol. 2020 Nov;40:4-16

Mots clés : perception du temps, insula, covid, dépression, ennui, suicide

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