Programme

Les interactions entre personnalité (normale et pathologique) favorisent l’émergence mais également le maintien des troubles affectifs (troubles anxieux ou dépressifs). Certains résultats suggèrent une prédisposition à 10 ans de certains traits de personnalité normale et de l’apparition de troubles affectifs (1). Les tempéraments anxieux sont fréquents chez la personne âgée (PA) mais confèrent-ils un risque plus élevé d’apparition de troubles affectifs ou bien de résistance aux thérapeutiques usuelles ? Cette présentation reprendra les éléments de la littérature, augmentée des données de recherche issues de l’école de Limoges. Et si nous prenions des lunettes grossissantes ? la vulnérabilité aux troubles affectifs chez la PA (TAPA) peut aussi siéger au niveau les fonctions cognitives exécutives, notamment le contrôle cognitif. Certains résultats suggèrent que les déficits de contrôle cognitif peuvent contribuer à la létalité du passage à l’acte suicidaire et permettent un phénotypage des TAPA. Enfin, les marqueurs cérébraux qui caractérisent les déficits exécutifs chez les PA déprimés permettent de prédire la résistance thérapeutique et ouvrent la voie de la médecine personnalisée (2). Et si nous prenions un microscope ? Les mécanismes physiopathologiques des TAPA sont multiples et certaines voies impliquent des mécanismes vasculaires et amyloides (3). Par exemple, les dépôts de plaques amyloïdes sont plus importants au niveau cortical chez les patients avec TAPA, sans troubles cognitifs majeurs. La coexistence de ces mécanismes permet de mieux comprendre les troubles cognitifs observés au cours des TAPA et d’identifier les mécanismes de résistance de la dépression chez la PA (4). A ce titre, nous présenterons les résultats d’une étude nationale sur les plaques amyloïdes comme facteur de résistance dans la dépression du sujet âgé. Nous verrons comment une analyse plus fine des patients avec troubles affectifs permet d’identifier les facteurs de vulnérabilité et de résistance, que ce soit avec une approche comportementale et cognitive mais aussi avec l’aide d’outils d’imagerie et nous discuterons des moyens utilisables en routine clinique pour mieux identifier les patients au pronostique sombre.

Auteurs : Benjamin Calvet (1,2,3) Gabriel Robert (4,5) Thomas Desmidt (6,7) - 1:Pôle Universitaire de Psychiatrie de l'Adulte de la Personne Âgée et d’Addictologie (PUP3A), CH Esquirol, Limoges, France 2: Inserm UMR1094, Limoges, France 3: Unité de recherche et d’Innovations, CH Esquirol, Limoges, France 4: Pôle Hospitalo-Universitaire de Psychiatrie Adulte, Centre Hospitalier Guillaume Régnier, France 5: U1228 Empenn UMR 6074 IRISA 6: Clinique Psychiatrique Universitaire, CHU de Tours, Tours, France 7: UMR 1253, iBrain, Université de Tours, Inserm, Tours, France.

Références : (1) Josefsson K, Merjonen P, Jokela M, Pulkki-Råback L, Keltikangas-Järvinen L. Personality Profiles Identify Depressive Symptoms over Ten Years? A Population-Based Study. Depress Res Treat. 2011;2011:431314. (2) H T Karim, C Andreescu , D Tudorascu , S F Smagula , M A Butters , J F Karp , C Reynolds, H J Aizenstein. Intrinsic functional connectivity in late-life depression: trajectories over the course of pharmacotherapy in remitters and non-remitters. Mol Psychiatry. 2017 Mar;22(3):450-457 (3) Mahgoub, N., Alexopoulos, G.S., 2016. Amyloid Hypothesis: Is There a Role for Antiamyloid Treatment in Late-Life Depression? Am. J. Geriatr. Psychiatry Off. J. Am. Assoc. Geriatr. Psychiatry 24, 239–247. (4) Taylor, W.D., Boyd, B.D., Elson, D., Andrews, P., Albert, K., Vega, J., Newhouse, P.A., Woodward, N.D., Kang, H., Shokouhi, S., 2020. Preliminary Evidence That Cortical Amyloid Burden Predicts Poor Response to Antidepressant Medication Treatment in Cognitively Intact Individuals With Late-Life Depression. Am. J. Geriatr. Psychiatry.

Mots clés : Troubles affectifs des personnes âgées Facteur de vulnérabilité et de résistance Personnalité Contrôle cognitif Réseaux cérébraux Plaques amyloïdes

Conflit d'intérêt : aucun

La personnalité colore notre façon de voir le monde et par là même peut être un facteur de protection ou de risque de troubles psychiques. Depuis des décennies, les psychiatres mais également les chercheurs se sont intéressés au rôle de la personnalité normale et pathologique dans l’émergence mais également le maintien voire la chronicisation des troubles affectifs tels que les troubles anxieux ou dépressifs. L’adage « on vieillit comme on a vécu » devrait faire dire que notre personnalité varie peu avec le processus de sénescence et donc que les mêmes types de personnalité provoquent les mêmes phénomènes chez la personne âgée. Dans ce symposium, la présentation aura pour but de dresser un panorama complet des données actuelles concernant cette question de la place de la personnalité dans cette vulnérabilité chez la personne âgée. Cette présentation sera complétée de données de recherche issues de l’école de Limoges.

Auteurs : Benjamin Calvet - (1) Pôle Universitaire de Psychiatrie de l'Adulte de la Personne Âgée et d’Addictologie (PUP3A), CH Esquirol, Limoges, France (2) Inserm UMR1094, Limoges, France (3) Unité de recherche et d’Innovations, CH Esquirol, Limoges, France CH Esquirol, 15 rue du Dr Marcland 87025 Limoges Cedex

Références : Gurpegui M, Jurado D, Fernández-Molina MC, Moreno-Abril O, Luna JD, Alarcón RD. Personality profiles and minor affective psychopathology in a non-clinical sample: an empirical verification of Cloninger's theoretical model. J Affect Disord. 2009 Dec;119(1-3):34-42. Josefsson K, Merjonen P, Jokela M, Pulkki-Råback L, Keltikangas-Järvinen L. Personality Profiles Identify Depressive Symptoms over Ten Years? A Population-Based Study. Depress Res Treat. 2011;2011:431314. Léger JM, Ouango JG. Vulnérabilité et troubles thymiques chez le sujet âgé : cause ou conséquence ? In Vulnérabilité et vieillissement : comment les prévenir, les retarder ou les maîtriser ? 2002 ; 101-107.

Mots clés : personnalité, troubles de la personnalité, anxiété, dépression, vulnérabilité

Conflit d'intérêt : absence

L'hétérogénéité clinique de la dépression caractérisée chez la personne âgée (LLD) pose d'emblée des questions diagnostiques, thérapeutiques et pronostiques. La place des fonctions cognitives est difficile à capter en routine clinique et il nous manque des outils simples et fiables pour mieux quantifier cette atteinte. Le contrôle cognitif fait référence à "l'ensemble des processus cognitifs qui permettent de planifier et de coordonner les actions et stratégies tout en s'adaptant aux exigences extérieures" (Ridderinkhof et al. 2011) et inclus les aspects de flexibilité, d'inhibition et d'initiation cognitive. Certains fondent totalement ce concept dans les fonctions exécutives. Cet aspect est fondamentalement atteint dans la dépression de la personne âgée par d'une part l'affaiblissement trait avec l'avancée en âge et la rupture état causée par l'EDM. Afin de caractériser au mieux le contrôle cognitif dans la dépression de la PA, nous avons utilisé la Simon Task auprès de 30 patients avec un LLD comparé à 30 sujets sains, comparables sur l'âge. Une analyse détaillée des différentes séquences montre que les patients déprimés sont plus impulsifs, tout particulièrement après un essai à l'origine d'un conflit cognitif (Roy et al). Le point fort de ce travail repose sur les critères de sélection puisque nous avons recruté des patients sans troubles cognitifs, ce qui révèle qu'en l'absence de troubles cognitifs évidents, l'inhibition de contrôle reste identifiable au sein des personnes âgées déprimées. Cependant, pour être considéré comme un biomarqueurs, la mesure doit avoir une signature biologique. Dans un échantillon de patientes adultes déprimées (n=26) et de 25 volontaires sains, nous avons analysés le langage des patientes au cours d'une tâche de fluences verbales. Cette analyse permet d'identifier les stratégies d'exploration du champ lexico-sémantique par "cluster" et de "switcher" de cluster lorsque celui est épuisé. Nous montrons que l’atteinte exécutive de switching chez les patientes déprimées est associée à un amincissement de l’épaisseur corticale au sein des lobes frontaux mais également au sein des structures impliquées dans l'anatomie de la mémoire sémantique (temporales et pariétales). De plus, cette atteinte est associée à une réduction de la diffusion unidirectionnelle le long du faisceau longitudinal supérieur et inférieur, impliqués dans le langage (Domain et al.)

Auteurs : Gabriel Robert (1) Jean Charles Roy (1) Léa Domain (2) - 1: Pôle Hospitalo-Universitaire de Psychiatrie Adulte, Centre Hospitalier Guillaume Régnier, UNiversité de Rennes 1, Faculté de médcine, Institut de Recherche en Informatique et Systémes Améatoires (IRISA) UMR 6074 - Equipe Empenn 2: Centre Hospitalier de Saint Malo

Références : Ridderinkhof, K., Forstmann, B.U., Wylie, S.A., Burle, B., van den Wildenberg, W.P.M., 2011. Neurocognitive mechanisms of action control: resisting the call of the Sirens. Wiley Interdiscip Rev Cogn Sci 2, 174–192. Roy et al. Journal of psychiatric Research (submitted) Domain et al. Neuroimage Clinical (submitted)

Mots clés : biomarqueurs, contrôle cognitif, IRM, apathie, flunces verbales, analyse automatisée du langage.

Conflit d'intérêt : GRobert: présentation scientifique pour Otsuka, Janssen et Lundbeck

Auteurs : -