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Wednesday 1 December
  • 14h00 - 15h00
  • addictions

FA18- AFERTP - Personnalités dysfonctionnelles et conduites addictives

Président - Lucia ROMO - paris
Abstract

Les études épidémiologiques montrent un lien fréquent entre les troubles de la personnalité (TP) et les addictions. La NESARC a retrouvé des TP (critères DSM-IV) chez 40% des sujets alcoolodépendants et 61% des usagers du cannabis. Certains TP, comme le trouble borderline, sont particulièrement fréquents chez les patients en soins addictologiques. Les mêmes associations existent si on étudie les dimensions de personnalité (modèle « alternatif » du DSM-5) chez des usagers de substance, avec souvent un niveau élevé de névrosisme. La dysrégulation émotionnelle est au cœur de la personnalité borderline, et a aussi été repérée chez les usagers de substance. On retrouve souvent des antécédents traumatiques de l’enfance chez les borderlines, et aussi chez de nombreux sujets dépendants. Par ailleurs, la tendance à ressentir des symptômes dissociatifs, notamment en situation de stress, est souvent associée avec des maltraitances subies dans l’enfance. Chez les borderlines, on propose l’hypothèse que le recours aux substances permet de gérer la détresse émotionnelle, possiblement en provoquant un vécu dissociatif. Notre étude vise à préciser les liens entre traumatismes de l’enfance, dissociation et dysrégulation émotionnelle chez des borderlines souffrant d'un trouble de l’usage de l’alcool. Un tiers des 15-17 ans déclarent avoir joué à des jeux d’argent et de hasard (JAH) dans l’année écoulée. Parmi eux, plus de 10% sont à risque de développer une addiction, favorisée par des croyances dysfonctionnelles relatives à la chance et aux compétences personnelles. Les lycéens semblent sous-évaluer le risque de perte d’argent et surestimer la chance de devenir riche. Nous présentons les résultats d’une étude chez des lycéens sur les liens entre des profils de personnalité (évaluée par le Big Five Inventory - 10 items) et des croyances sur le hasard et sur la chance dans les JAH. L’obésité touche près de 7 millions de Français. Plusieurs facteurs psychologiques contribueraient à majorer le risque d’obésité, dont certains traits de personnalité, comme le névrosisme et la conscience. Mais la littérature donne des résultats divergents sur les liens entre personnalité, obésité et troubles du comportement alimentaire (TCA). Notre étude a pour objectif d’étudier, dans un échantillon de la population française, la présence ou l’absence de lien entre la personnalité (évaluée par le Big Five Inventory - 45 items) et l’obésité, ainsi qu’entre la personnalité et les TCA.

Auteurs : P. Louville (1) B. Lignier (2) S. Julien-Sweerts (3) - (1) G.H.U. AP-HP.Centre - Université de Paris (2) Université Bourgogne Franche-Comté, Dijon (3) Université de Reims Champagne-Ardenne

Mots clés : Personnalité, borderline, Big Five model, addiction

Conflit d'intérêt : Aucune

FA18A - Interactions entre le trouble de personnalité borderline et le trouble de l’usage de l’alcool

Orateur - Patrice LOUVILLE - ISSY-LES-MOULINEAUX
Abstract

L’objectif de cette étude, effectuée chez des patients avec un diagnostic de trouble de personnalité borderline (TPB), dont une partie avec un trouble de l’usage de l’alcool (TUA) comorbide, était d’analyser les liens entre l’intensité des symptomatologies anxio-dépressive et borderline, les caractéristiques de la consommation du produit, l’intolérance à l’incertitude, les difficultés de régulation émotionnelle, les symptômes dissociatifs, les traumatismes infantiles et les antécédents de conduites suicidaires. 46 sujets (78% de femmes, 62% de TUA), pris en charge dans un service de Psychiatrie-Addictologie, et remplissant les critères DSM du TPB, ont participé à l’étude. L’âge moyen est de 38 ans. Les participants ont répondu à la Borderline Symptom List (BSL-23), au Questionnaire de Mesure de l'Intensité des Conduites Addictives (QMICA), à la Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS), à l’Echelle d'intolérance à l'incertitude (EII), à la Difficulties in Emotion Regulation Scale (DERS), à la Dissociative Experiences Scale (DES-II), et au Childhood Trauma Questionnaire (CTQ-SF). Dans l’échantillon total de l’étude, l’intensité de la symptomatologie borderline est corrélée avec la symptomatologie anxio-dépressive, l’intolérance à l’incertitude, les difficultés de régulation émotionnelle, la dissociation, les traumatismes infantiles et le nombre de tentatives de suicide. Chez les sujets TPB+TUA, on ne retrouve pas la corrélation avec la dissociation. Dans ce même groupe, les difficultés de régulation émotionnelle sont corrélées avec la dissociation, les traumatismes infantiles et le nombre de tentatives de suicide. L’intolérance à l’incertitude est corrélée aux difficultés de régulation émotionnelle, à la dissociation et aux abus émotionnels et sexuels. La dissociation, présente à un niveau pathologique chez 42% des sujets, est significativement associée aux abus émotionnels et sexuels. On retrouve plus d’antécédents suicidaires dans le groupe TPB+TUA. L’intolérance à l’incertitude apparaissant particulièrement liée à plusieurs variables psychopathologiques, comme la dysrégulation émotionnelle ou la dissociation, elle pourrait représenter un axe de la prise en charge intégrative de la comorbidité TPB+TUA. La psychoéducation et la restructuration cognitive peuvent être envisagées pour travailler cette dimension.

Auteurs : P. LOUVILLE, 0. GAUMONT - Service de Psychiatrie et d'Addictologie de l'adulte et du sujet âgé, hôpital Corentin-Celton, G.H.U. AP-HP.Centre - Université de Paris

Références : Bottesi, G., Tesini, V., Cerea, S., Ghisi, M. (2018). Are difficulties in emotion regulation and intolerance of uncertainty related to negative affect in borderline personality disorder ? Clinical Psychologist, 22(2), 137–147. Barahmand U., Khazaee A., Hashjin G.S. (2016). Emotion dysregulation mediates between childhood emotional abuse and motives for substance use. Archives of Psychiatric Nursing, 30, 653–659. Hingray C.,Cohn A., Martini H. Donne C., El-Hage W., Schwan R., Paille F. (2018). Impact of trauma on addiction and psychopathology profile in alcohol-dependent women. European Journal of Trauma & Dissociation, 2, 101–107.

Mots clés : Trouble de personnalité borderline, trouble de l'usage de l'alcool, comorbidité, intolérance à l'incertitude, dysrégulation émotionnelle, dissociation

Conflit d'intérêt : Aucun conflit d'intérêt

FA18B - Personnalité et perception du hasard dans les jeux d’argent et de hasard chez des lycéens

Orateur - Baptiste LIGNIER - Dijon
Abstract

En France, un tiers des jeunes déclarent avoir joué à des jeux d’argent et de hasard (JAH) au moins une fois au cours de l’année (Costes et al., 2015) : 25 % sont classés à faible risque et 11 % à risque modéré et excessif soit deux à quatre fois plus élevée que chez les adultes même si la stabilité de ces comportements n’est pas confirmée par toutes les études. Les adolescents joueurs de JAH perçoivent moins les risques de perte d’argent mais beaucoup plus la chance de devenir riche. De plus, dans les phénomènes d’addictions aux JAH, le fait de croire à la chance et à des compétences individuelles qui pourtant n’interviennent pas dans la réalité, sont des facteurs prédicteurs de la fréquence du comportement de jeu (Zhou et al., 2012). L’objectif est de présenter les résultats de l’étude de la personnalité, des troubles psychiatriques et des croyances sur le hasard chez les lycéens, au cours d’un programme d’éducation préventive (Bien Jouer ; Romo et al., 2020). Au total, 440 jeunes ont répondu à des questions sur les croyances, les probabilités dans les jeux et la chance et les astuces de jeu avant. Parmi eux, 87 ont accepté de répondre à une étude annexe en ligne évaluant la personnalité, la dépression, le stress, l’anxiété sociale, le sentiment d’efficacité personnelle et l’impulsivité. Les jeunes qui ont déjà joué aux JAH présentent des caractéristiques psychologiques particulières puisqu'ils obtiennent des scores d'extraversion (p<0,05), d'urgence positive (p<0,05) et de recherche de sensation (p<0,05) plus élevés, enfin, ils reconnaissent avoir un problème lié aux JAH (p<0,05). Les joueurs excessifs présentent également des comorbidités anxieuses et dépressives importantes : l'intensité du jeu excessif est corrélée à l'absentéisme scolaire (p<0,05), à la dépression (p<0,01), à l'anxiété (p<0,01), à l'anxiété sociale (p<0,01) et à la recherche de sensations (p<0,01). Les jeunes qui mésestiment la part de hasard dans les tickets de grattage ont tendance à être plus dépressifs (p<0,05), plus anxieux (p<0,05), et plus tournés vers leur intérêt personnel (p<0,05) ; même chose dans le poker avec des jeunes plus stressés (p<0,05), plus anxieux socialement (p<0,05). Cette étude fournit des données inédites en France, cependant, la taille de l'échantillon ne permet pas d'obtenir de grands effets. L’estimation de la part de hasard pourrait être une variable médiatrice des comorbidités psychiatriques, tout comme certains traits de personnalité.

Auteurs : Lignier, B.1, 2, Benoît, E.3, Tovar, M.-L.3, Costes, J.-M.4, Consortium Bien Jouer5, Romo, L.6 - 1 : Laboratoire Psy-DREPI (7458), Département de Psychologie, Université Bourgogne Franche-Comté, Dijon 2 : CSAPA La Santoline, SEDAP, Dijon 3 : SEDAP, Dijon 3 : PIEJ, SEDAP, Dijon 4 : Observatoire des Jeux 5 : C. Bonnet, Gaymard, M., A. Ferre, P. Henriot, M. Huteau, J.F. Mazeran, J. Perrin, S. Ressuche, C. Tetu, T. Ventre 6 : Laboratoire CliPsyD (EA 4430), Université Paris Nanterre.

Références : Costes, J.-M., Eroukmanoff, V., Richard, J.-B., Tovar, M.-L. (2015). Les Jeux d'Argent et de Hasard en France en 2014. Les notes de l'Observatoire des Jeux, 6:1-19. Romo, L., Benoît, E., Lignier, B., Costes, J.-M., Tovar, M.-L., Dentz, A., Gaimard, M., Chabernaud, F., Delay, L., Segard, T., Consortium Bien Jouer (2020). Programme Bien Jouer. Guide Recherche. L’expérimentation en milieu scolaire d’une action de prévention éducationnelle sur les risques associés aux jeux d’argent et de hasard (JAH). SEDAP : Dijon. France. Zhou, K., Tang, H., Sun, Y., Huang, G., Rao, L., Liang, Z., & Li, S. (2012). Belief in luck or in skill: Which locks people into gambling? Journal of Gambling Studies, 28, 379–391

Mots clés : Jeux d'Argent et de Hasard, Addictions, Personnalité, Actions préventives, Troubles psychiatriques

Conflit d'intérêt : Lignier, B., Tovar, M.-L., Costes, J.M. : Aucun conflit d'intérêt. Lucia Romo : Participation à un GIS « Jeu et société » financé par la FDJ avec des universités (U de Paris, U Paris Nanterre, U Paris Nord) et financement en mécénat pour l’U Paris Nanterre d’une thèse de doctorat.

FA18C - Personnalité, Obésité et TCA

Orateur - Sabrina JULIEN-SWEERTS - Reims
Abstract

Mieux connaître les déterminants psychologiques de l’obésité ou des troubles du comportement alimentaire permettraient de mieux prévenir les risques et/ou d’améliorer les prises en charge. En ce qui concerne les traits de personnalité, la littérature scientifique donne des résultats contradictoires. En effet, alors que certaines études concluent sur l’absence de traits spécifiques de personnalité chez les sujets souffrant d’obésité (Rydén et al., 2003), d’autres mettent en évidence un score de névrosisme, d’extraversion et de conscience plus élevé et score d’ouverture et d’agréabilité plus faible (Sutin et al., 2011; Sutin & Terracciano, 2013, 2016). L’extraversion serait même un facteur de risque d’obésité et la conscience un facteur de protection (Sutin & Terracciano, 2016). A contrario, la conscience serait également un marqueur de l’obésité (Pocnet et al., 2017). Dans le cadre des troubles du comportement alimentaire, le névrosisme et la conscience élevée seraient significativement plus importants chez les sujets souffrant d’hyperphagie (Dorard & Khorramian-Pour, 2017). Enfin, bien que très peu d’études existent sur le sujet, la personnalité des sujets souffrant d’orthorexie serait caractérisée par une préoccupation excessive dans les relations sociales combinée au besoin d’être parfait et de se sentir accepté. Une faible capacité de persévérance malgré la fatigue ou la frustration expliquerait le besoin de manger sain et pur pour reprendre du contrôle (Gramaglia et al., 2019). 420 participants, recrutés en population générale, ont rempli le BFI à 45 items, la SCOFF, l’ORTO-12 (Babeau et al., 2019), la GAD-7, la PHQ-9 et communiqué leur IMC. Selon la SCOFF, 123 souffraient de TCA. Les résultats ont mis en évidence une corrélation négative entre le névrosisme et l’IMC (p<0,05) mais aucune corrélation significative entre les traits de personnalité et la présence d’un TCA. En revanche, l’orthorexie était corrélée positivement à tous les traits de personnalité (p< 0,000 1), à l’anxiété (p= 0,002) et la dépression (p< 0,002). La personnalité expliquait 23% de la variance de l’ORTO-12. Ces résultats permettent d’avancer dans la compréhension de la personnalité des sujets souffrant d’orthorexie et de lutter peut-être contre la grossophobie : dans notre échantillon, les sujets souffrant d’obésité ne sont pas plus extravertis, ni moins fiables ou scrupuleux que les autres.

Auteurs : Sabrina JULIEN SWEERTS 1, Tristan LE CHEVANTON 2, Damien FOUQUES 3 - 1 Université Reims Champagne Ardenne, C2S EA 6291, France. 2 École de Psychologues Praticiens de l’Institut Catholique de Paris - Laboratoire VCR (EA 7403-23), Équipe d’accueil Religion, culture et société, Paris, France. 3 Université Paris Nanterre, Laboratoire Clipsyd UR 4430, Département de psychologie clinique

Références : Babeau, C., Le Chevanton, T., Julien-Sweerts, S., Brochenin, A., Donini, L. M., & Fouques, D. (2019). Structural validation of the ORTO-12-FR questionnaire among a French sample as a first attempt to assess orthorexia nervosa in France. Eating and Weight Disorders: EWD. https://doi.org/10.1007/s40519-019-00835-0 Dorard, G., & Khorramian-Pour, M. (2017). Hyperphagie boulimique : Liens avec la personnalité et l’émotionnalité. = Binge eating disorder: Links with personality and emotionality. L’Encéphale: Revue de psychiatrie clinique biologique et thérapeutique, 43(2), 114‑119. https://doi.org/10.1016/j.encep.2016.05.005 Gramaglia, C., Gambaro, E., Delicato, C., Marchetti, M., Sarchiapone, M., Ferrante, D., Roncero, M., Perpiñá, C., Brytek-Matera, A., Wojtyna, E., & Zeppegno, P. (2019). Orthorexia nervosa, eating patterns and personality traits : A cross-cultural comparison of Italian, Polish and Spanish university students. BMC Psychiatry, 19, 235. https://doi.org/10.1186/s12888-019-2208-2 Pocnet, C., Antonietti, J.-P., Strippoli, M.-P. F., Glaus, J., Rossier, J., & Preisig, M. (2017). Personality, tobacco consumption, physical inactivity, obesity markers, and metabolic components as risk factors for cardiovascular disease in the general population. Psychology, Health & Medicine, 22(8), 932‑939. Rydén, A., Sullivan, M., Torgerson, J. s., Karlsson, J., Lindroos, A.-K., & Taft, C. (2003). Severe obesity and personality : A comparative controlled study of personality traits. International Journal of Obesity & Related Metabolic Disorders, 27(12), 1534‑1540. https://doi.org/10.1038/sj.ijo.0802460 Sutin, A. R., Ferrucci, L., Zonderman, A. B., & Terracciano, A. (2011). Personality and obesity across the adult life span. Journal of Personality and Social Psychology, 101(3), 579‑592. https://doi.org/10.1037/a0024286 Sutin, A. R., & Terracciano, A. (2013). Perceived weight discrimination and obesity. PloS One, 8(7), e70048. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0070048 Sutin, A. R., & Terracciano, A. (2016). Personality traits and body mass index : Modifiers and mechanisms. Psychology & Health, 31(3), 259‑275.

Mots clés : personnalité, TCA, obésité, orthorexie.

Conflit d'intérêt : Les auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêt.

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