Edito – Psychiatrie de la Personne Âgée – CFP2021

« On reste en contact ».

« Attends, je me connecte ».

« On est total connecté, nous ».

« T’es complètement déconnecté ».

« On se met en connexion ? ».

« Tu connectes ou pas ? ».

Ce n’est pas parce que la connexion raisonne comme un concept ultra moderne que les vieux ne peuvent pas rester connectés. Alors rendez-vous à Montpellier, les 3 et 4 décembre 2021 pour être connexe aux Journées de Psychiatrie de la Personne Âgée. Attention restez vigilant, cette année de 13e édition du Congrès Français de Psychiatrie, c’est la « Connexion » qui nous réunit.

Ainsi soit-il.

Parmi tant de choses que la pandémie de la COVID-19 est venue questionner ou venue nous révéler, il y a notre rapport à la mort. Le deuil et la fin de vie ont été percutés de plein fouet.

En EHPAD, à l’hôpital, les directives anticipées ne sont que peu remplies par l’usager lui-même. Elles ont toutefois le mérite d’être conviées dans le parcours de soin. Dans ce parcours, il est des instances qui s’attèlent à ce que la fin de vie respecte le droit au « bien mourir ». Mais comment prendre en compte l’expérience subjective des patients face à cette mort certaine ? Du côté du Finistère, Cyril Hazif-Thomas, chef d’un service de Psychiatrie de la Personne Âgée, docteur en droit et directeur de l’Espace de Réflexion Éthique de Bretagne (Ereb) prend le temps de se pencher sur cet interstice fragile qui existe entre le strictement médical et les contours d’une mort plus douce (JPPA1).

Dis Mamsou, pourquoi t’es vieille ?

Quelle que soit l’histoire de vie d’une personne, son entrée dans la vieillesse amène à des réaménagements psychiques. Qu’il s’agisse de la transmission des secrets de famille (JPPA7B), de la transmission des traumatismes (JPPA7C) ou « simplement » de tout ce qu’engendre la vieillesse dans sa mise à l’épreuve de la vulnérabilité, la théorie de l’attachement permet d’en comprendre la portée (JPPA7A).

Quand un anthropologue se penche sur la question du vieillissement, la nature multifactorielle des processus bio-culturel et ses interactions avec les environnements (physique, social et culturel) sont rassemblés pour tenter d’en définir quelque chose (JPPA2A). Et les biomarqueurs derrière l’image du cerveau ? Et les télomères ?? Qu’est-ce que raconte le vieillissement de ses maladies sur la psychiatrie (JPPA2B) ? On se le demande bien ! Parce qu’en attendant, la Mamsou ne s’en doute peut-être pas mais son environnement de vie a lui aussi un impact sur sa façon de vieillir. Ce qui pollue l’environnement pollue également le système cognitif de mamie. D’ailleurs, entre une Mamsou des Quartiers Nord de Marseille et une autre du 6e arrondissement Lyonnais le vieillissement cognitif de chacune pourrait ne pas être le même. C’est ce qu’on appelle les inégalités sociales de santé (JPPA2C). 

Vivre malgré ce peu d’idéal.

Qu’il est pénible de vivre sous l’agitation des troubles anxieux. Après la dépression, ils sont les plus rencontrés auprès de la population vieillissante. C’est dire l’importance qu’il y a à se pencher sur leurs reconnaissances et bien sûr, sur les interventions thérapiques possibles (JPPA5A). Sur le plan médicamenteux, un algorithme pourrait être une aide à la décision médicale (JPPA5C).

Chez la personne âgée, l’approche psychopharmacologique reste potion délicate : risques iatrogènes, optimisation, arrêt de prescription. Eut égard au déremboursement des inhibiteurs de l’acétylcholinestérase et à la mémantine dans le cas de la maladie d’Alzheimer, Julien Vernaudon, médecin et psychiatre interroge cette remise en cause (JPPA6A). L’intérêt de Mathieu Herrmann, également psychiatre, porte sur l’utilisation de la lithémie intra-érythrocytaire (JPPA6B) alors que le Alexis Lepetit, interroge l’utilisation « habituelle » de certains médicaments (triapride, mianserine, oxazepam…) issus de la médecine factuelle au risque d’une utilisation par « évidence » (JPPA6C).

Concernant l’approche non médicamenteuse, notamment dans le cas des troubles anxieux, la Thérapie Cognitivo-Comportementaliste (TCC) cherche à s’adapter et interroge son champ des possibles (JPPA5B). Et globalement, du côté des troubles affectifs, qu’en est-il ? (JPPA3).

Les connexions sont connectées.

Pour de meilleurs résultats, une des façons de reconnecter l’individu à lui-même serait de relier une thérapie à une autre. C’est le cas des troubles dissociatifs où connecter la neurologie à la psychiatrie permet d’en prévenir les rechutes (S26A). Et si la mise en lien entre plusieurs disciplines permet un meilleur accompagnement des troubles, qui sont ces partenaires ? Du côté des troubles boulimiques par exemple, les crises vespérales, celles qui surviennent à la tombée de la nuit, seraient ordonnées suite aux « carences énergétiques ». C’est ainsi qu’associer les soins diététiques aux soins psychologiques prend tout son sens (S26C).

De la même façon, c’est en restant connectés l’un à l’autre que le gériatre et le psychiatre vont là aussi avancer dans la compréhension diagnostic et dans l’éclaircissement de la prise en charge du syndrome de Diogène (S26B). Et pour aller plus loin sur la compréhension de la place du psychiatre dans le parcours de soin de la personne âgée, nous aurons le retour des expériences et des recherches de trois jeunes psychiatres de l’Association Nationale des Internes de Psychiatrie de la Personne Âgée (ANIPPA) (JPPA4).

Suicidaire juvénile versus suicidaire sénile, même combat !

Le risque du passage à l’acte suicidaire raisonne-t-il vrai qu’en fonction de notre lien aux autres. Ou devrons-nous dire, fonction de l’absence de lien aux autres ? Que représente ce lien ? Existe-t-il une représentation de ce risque de passage vers l’acte suicidaire ? Si nous ne sommes pas le même seul, qu’entouré des autres, qu’apporte le collectif dans la prévention du suicide ? Avant que Pierre Vandel, psychiatre, se poste pour présenter les stratégies de prévention du suicide orientées vers la personne âgée (JPPA8C), nous entendrons Bérénice Lambert, chargée d’études et sociologue à l’observatoire régional de la santé de la ville de Bourgogne Franche-Comté parler des jeunes. Ici, il s’agit d’une étude sociologique menée auprès de jeunes de 15 à 25 ans repérés pour avoir exprimé des idées ou des projets suicidaires, ou même pour être passé à l’acte. À travers des entretiens semi-directifs, cette intervention traite des ressources d’aide et d’actions de prévention adaptées ou non dont ces jeunes ont pu bénéficier. Il est question de la manière dont ils ont pris appui sur une « mécanique du lien » pour se relier à l’autre et trouver ainsi, un réconfort thérapeutique (JPPA8B). Auprès de Cynthia Morgny, également sociologue de ce même observatoire de la santé (Dijon), nous explorerons les multiples liens existants, à travers nos différentes organisations de vie (familiale, amicale, professionnel, occupationnel) et les fonctions qu’ils revêtent (JPPA8A).