Les nouveautés concernant les troubles bipolaires sont marquées sur le plan génétique par une étude, publiée dans le New England Journal of Medicine, retrouvant qu’un SNP (single-nucleotide polymorphism) du promoteur du gène codant la protéine de la glutamate decarboxylase–like 1 (GADL1) était associé à une bonne réponse au lithium chez les patients bipolaires de type 1 (Chen et al. 2014). Parmi les études d’imagerie, il faut retenir celle de Canales-Rodriguez et al. (2014) qui ont retrouvé des anomalies cérébrales plus étendues qu’on ne le pensait chez les patients bipolaires en phase euthymique, en particulier au niveau de l’hippocampe droit. Au niveau des comorbidités, il faut retenir dans l’étude STEP-BD, la fréquence élevée (58,8%) des comorbidités médicales dans une population de plus de 3500 patients souffrant de troubles bipolaires (Magalhães et al. 2012). Les facteurs de risque les plus fréquemment associés aux comorbidités médicales étaient l’existence de conduites addictives, de tabagisme, de troubles anxieux, un début précoce dans l’enfance et l’existence de plus de 10 épisodes thymiques.

DSM-5 et troubles bipolaires : les évolutions par rapport au DSM-IV, d’après E. Vieta

1) Dans le DSM-5, les troubles bipolaires ne sont plus inclus dans les troubles de l’humeur, mais dans un chapitre à part.
2) Dans les critères de l’épisode maniaque, une caractéristique « augmentation d’activité et d’énergie » a été ajouté au critère A.
3) La spécification « avec caractéristiques mixtes » a été ajoutée pour les épisodes maniaques, hypomaniaques et dépressifs majeurs des troubles bipolaires I et II, pour remplacer le paragraphe sur les états-mixtes du DSM-IV.
4) La spécification « avec détresse anxieuse » a été ajoutée pour les épisodes maniaques, hypomaniaques et dépressifs majeurs des troubles bipolaires I et II.
5) Une note précise que pour les épisodes maniaques ou hypomaniaques, les virages de l’humeur sous antidépresseurs sont définis comme des épisodes persistants au-delà des effets physiologiques de ces médicaments.
6) Le diagnostic « trouble bipolaire non spécifié » a été remplacé par deux diagnostics « autres troubles bipolaires spécifiés » (par exemple, épisodes maniaques récurrents sans symptômes dépressifs…) et « autres troubles bipolaires non spécifiés» (qui ne répondent aux critères d’aucun trouble bipolaire spécifié).

Traitements médicamenteux

Sur le plan thérapeutique, l’étude internationale WAVE-bd study a retrouvé que les traitements les plus utilisés chez les patients bipolaires étaient les antipsychotiques atypiques, excepté les antidépresseurs lors des épisodes dépressifs (Vieta et al. 2013). A cet égard, l’International Society for Bipolar Disorders (ISBD) recommande de ne pas prescrire les antidépresseurs en monothérapie dans les troubles bipolaires de type 1 (Pacchiarotti et al. 2013). Ils doivent être évités si un patient souffrant de troubles bipolaires de type 2 présente deux critères majeurs d’épisode maniaque (critères B). Vieta a souligné l’intérêt de prendre en compte la polarité prédominante des patients dans une perspective thérapeutique (Colom et al. 2006). Dans une étude sur plus de 4000 patients bipolaires, 22% présentaient une polarité maniaque prédominante, 34% une polarité dépressive prédominante et 44% indéterminée. En cas de polarité maniaque prédominante, la British Association of Psychopharmacology recommande le lithium, l’aripiprazole, la quétiapine, le valproate, l’olanzapine et en cas de polarité dépressive prédominante la quétiapine et la lamotrigine. Le Number Needed to Treat (NNT) peut aider au choix d’un traitement médicamenteux (Popovic et al. 2011). Le dosage de la lithiémie en temps réel, au doigt, comme les diabétiques avec la glycémie pourrait être bientôt diffusé. Enfin, de nouvelles molécules telles que la lurasidone, la cariprazine et la kétamine (dépression bipolaire), ainsi que la stimulation cérébrale pourraient avoir un intérêt dans le trouble bipolaire.

Traitements non médicamenteux

Parmi les troubles cognitifs retrouvés dans les troubles bipolaires, il est important de distinguer les troubles cognitifs primaires, liés à des anomalies neurodéveloppementales ou de la charge allostatique (correspondant aux phénomènes de neuroinflammation et de stress cellulaire ayant été décrits dans les troubles bipolaires) et les troubles cognitifs secondaires, liés aux comorbidités addictives, à des symptômes dépressifs subsyndromiques ou à des effets indésirables des traitements médicamenteux. Les troubles cognitifs secondaires peuvent être améliorés par le traitement des troubles dépressifs, le traitement des addictions, la psychoéducation, les conseils hygiéno-diététiques (habitudes de sommeil, suppression du tabac, exercice physique…). Sur le plan psychothérapeutique, plusieurs études ont souligné l’intérêt des thérapies cognitivo-comportementales, de la psychoéducation destinée aux familles et de la psychoéducation focalisée sur le repérage des signes annonciateurs de rechute (Popovic et al. 2013). Une nouvelle technique de groupe, la remédiation fonctionnelle semble efficace pour améliorer les capacités cognitives, focalisées sur la vie quotidienne des patients (Torrent et al. 2014). Enfin, des techniques visant à améliorer la capacité de réserve cognitive, correspondant aux capacités à résister au déclin cognitif lié à certaines maladies neurodégénératives, pourraient être adaptées aux troubles bipolaires (Forcada et al. 2014).