CFP 2013  – Synthèse thématique
Thérapeutique (4/6)
Les psychothérapies au cœur de la psychiatrie
 
Nous étions habitués, depuis des années, à voir installées aux premières loges, dans les congrès de psychiatrie, les communications s’intéressant aux méthodes biologiques de traitement des troubles psychiques. Le programme de cette édition 2013 du CFP montre une tendance inverse, les communications sur les méthodes psychothérapiques excédant en nombre celles sur les thérapeutiques biologiques. Faut-il y voir le reflet d’un mouvement de fond de notre discipline ? ou les effets latéraux (bénéfiques) de l’indépendance de ce Congrès vis-à-vis des soutiens industriels, au profit d’un « auto-financement » de plus en plus important ? Toujours est-il que ce Congrès de Nice témoigne de la richesse et de la vivacité des pratiques psychothérapiques, sociothérapiques ou réhabilitatives aujourd’hui.
 
Le devenir des psychothérapies est donc au cœur de ce Congrès. Une Rencontre avec l’Expert (R7) se propose d’explorer en quoi les progrès des connaissances dans les domaines des neurosciences affectives et sociales ouvrent sur une meilleure compréhension des mécanismes d’action des différentes psychothérapies, et peuvent faciliter le développement de « psychothérapies intégratives », réunissant des modalités psychothérapeutiques souvent jugées peu compatibles.
 
La combinaison à tout prix de différentes approches théoriques et pratiques de la psychothérapie n’est cependant pas une fin en soi. Les bénéfices thérapeutiques apportés par une approche spécifique utilisée de façon optimale peuvent être préférables ; ainsi, les thérapies systémiques, après un demi-siècle d’existence, offrent-elles aujourd’hui des modalités maîtrisées d’intervention avec les familles, autour du patient et dans ses interactions avec l’institution (R17).
 
Les thérapies comportementales et cognitives poursuivent également leur évolution, avec leurs désormais classiques « trois vagues » : comportementale, cognitive, et émotionnelle. Elles s’appliquent à un nombre toujours plus grand de troubles psychiques, et leurs indications « historiques », comme la dépression (R18) ou les psychoses (S3) font toujours l’objet d’études complémentaires, y compris lorsque ces thérapies sont dirigées vers les proches des patients (S3A).
 
La thérapie interpersonnelle (TIP) poursuit son développement en France, s’appuyant sur un important corpus de données en provenance des pays anglo-saxons : dans la lignées des travaux princeps de Myrna Weissman, puis de ceux d’Ellen Frank, la prise en compte de l’aménagement des rythmes sociaux permet une déclinaison des TIP dirigées vers les troubles bipolaires (R5).
 
Des techniques de soin parfois considérées comme mineures continuent également de faire l’objet d’études ou de recherche d’innovation. C’est le cas des relaxations psychothérapiques (FA21), qui utilisent les états modifiés de conscience pour permettre la mise en place de stratégies thérapeutiques, diverses selon le type de relaxation ou selon le thérapeute (psychanalytiques, cognitivo-comportementales…). L’utilisation du schéma corporel comme outil de médiation thérapeutique facilite par exemple un travail sur l’identité, et parmi les différentes facettes de l’identité, on peut citer celle de l’appartenance géographique ou ethnique chez les migrants (FA21B).

 

 

 

 

 
 
 

 

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> POINTS FORTS
> Les pratiques psychothérapiques sont diverses, vivantes, souvent rigoureux : les données fondées sur les preuves ne sont plus aujourd’hui l’apanage des seules stratégies thérapeutiques biologiques.
> La pratique de la psychiatrie s’appuie sur des preuves,  mais ces « évidences », issues d’études qualitativement et quantitativement satisfaisantes, ne rendent pourtant pas toujours évidente la décision que doit prendre le clinicien controverses diverses continuent d’alimenter le CFP.

 

 

 
Editeur : CARCO – 6, cité Paradis – 75010 PARIS
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Coordination scientifique pour le Congrès Français de Psychiatrie 
  Nathalie Isabelle

 

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L’Art-thérapie (FA8) bénéficie également d’une tribune au CFP pour faire entendre sa voix (et montrer comment aider le patient à se débarrasser des siennes…) : un travail niçois explore ainsi comment la musicothérapie aide le patient halluciné à contrôler et gérer ses hallucinations.
 
Pour faire la part belle aux psychothérapies, le CFP ne néglige pas pour autant les thérapeutiques biologiques des troubles psychiques, plus aisément passées au filtre de « la médecine basée sur les preuves » (FA4). De nombreuses communications s’attachent à éclairer des points encore obscurs pour de nombreux praticiens mais pourtant d’une importance centrale : les prescriptions de psychotropes chez l’enfant (FA4B, FA17C), l’usage raisonné des recommandations professionnelles (FA4C), ou encore les prescriptions hors AMM (FA17).
 
La prise en charge du trouble bipolaire reste également une question cruciale en pratique quotidienne (S8), d’autant que les études épidémiologiques montrent une augmentation du nombre de patients qui reçoivent ce diagnostic – en particulier du fait de l’élargissement de ce concept de bipolarité vers des formes atténuées ou atypiques : déterminer le profil des patients bipolaires qui auront le plus de chances de bénéficier d’une lithiothérapie, ou celui des patients déprimés qui ont le risque le plus élevé de présenter une inversion de l’humeur sous antidépresseur, sont des questions qui ne sont pas encore résolues définitivement, malgré le nombre de travaux de recherche qui leur ont été consacrés.
 
Enfin, d’autres auteurs présentent des données concernant des sujets beaucoup plus circonscrits, qui s’adresseront sans doute à un public plus restreint, mais non moins intéressé et participatif : c’est par exemple le cas de la chirurgie bariatrique (S20).
 

Ainsi, s’appuyant sur les preuves apportées par les travaux portant sur des grands nombres, le CFP constitue encore une fois une force de proposition et permet à chacun de décider en toute connaissance de cause – en tout cas « en l’état actuel de la science » -, des solutions thérapeutiques, innovantes ou d’efficacité avérée, qu’il lui semble préférable de proposer à chacun de ses patients singuliers.

 
 
 
 
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