Les sessions cliniques du Congrès Français de Psychiatrie 2014 marquent un regain d’intérêt pour certains symptômes décrits dans la sémiologie classique mais qui, jusque-là, avaient été négligés.
Il en est ainsi, par exemple, pour les signes moteurs et les signes neurologiques mineurs dans la schizophrénie (S31). Ces anomalies très fréquemment rencontrées, s’avèrent être des pistes intéressantes pour la compréhension des mécanismes et des frontières de la schizophrénie. Elles constituent, de surcroit, une cible privilégiée du travail de réhabilitation des patients. Une meilleure compréhension des troubles de la planification motrice ou de la coordination motrice interpersonnelle pourrait permettre de proposer des accompagnements plus adaptés et améliorer le mieux-être physique et social des patients au quotidien.
Revisiter le ralentissement psychomoteur dans la dépression au moyen des outils d’évaluation actuels permet de mieux spécifier chacune de ses composantes motrice, psychique et langagière, et de modéliser les différents états de la pathologie tout en avançant des hypothèses explicatives neurobiologiques (S24).
En ce qui concerne la maladie de Parkinson, ce seront la déclinaison des troubles psychiatriques qui lui sont associés : dépression, syndrome de dérégulation dopaminergique, ou encore hallucinations visuelles, ainsi que leur délicate prise en charge pharmacologique qui seront mis en exergue (S21).
Retour vers le futur
Retour aux anciens également pour assoir des diagnostiques d’exception : l’analyse rigoureuse et approfondie de situations cliniques exceptionnelles observées dans le cadre des expertises judicaires, telles que, le meurtre au cours du sommeil ou bien, le cannibalisme, aura le mérite d’enrichir le corpus de nos connaissances cliniques et d’entretenir une nécessaire prudence diagnostique face aux situations morbides inédites (S5).
D’autres dimensions ou entités cliniques classiques seront passés au crible de nos connaissances médicales actuelles telle l’anhédonie (P037, P050) ou encore le syndrome de Capgras (P044).
La démarche inverse consiste à éclairer la psychopathologie actuelle (insomnie, hyperactivité ou encore, les hallucinations) au moyen d’une approche phénoménologique (FA9).
Le CFP laisse, enfin, également une large place à l’étude et à la prévention du suicide aux différents âges de la vie (S4). Nous noterons les résultats encourageants d’un programme de prévention basé sur la prise conscience des comportements de santé chez les jeunes.
Pour le sujet âgé : une session se consacre aux marqueurs de vulnérabilité psychique (S14) et les corrélats réciproques entre troubles démentiels et dépression dans cette classe d’âge.
Les ressources inexplorées de la sémiologie classique
Au vu des résultats présentés, il semble que l’approche holistique des pathologies psychiatriques avec la prise en compte de la totalité des symptômes signalées dans les descriptions princeps et enrichies des évolutions récentes de la connaissance médicale s’avère particulièrement féconde. Cette approche plaide en faveur d’un travail et d’une réflexion parallèles sur la transmission de cette sémiologie en évolution exponentielle, une thématique qui sera également abordée (FA7).