Editorial “Sciences Fondamentales” de l’édition 2022 du Congrès Français de Psychiatrie

Nous connaissons tous ce générique, qui a bercé notre enfance et notre connaissance sur le corps humain et ses mystères. Et pour cette nouvelle édition 2022, le CFP revêt son costume de Maître Globus pour nous interroger sur l’inné et l’acquis des troubles psychiatriques. Car, au final, connaît-on notre vraie na.ur.ture ?

Points forts :

A travers ces “fois”, des contes de fées à l’Ouest des westerns, le CFP nous amène :
– à nous interroger sur les théories de nature et de nurture C4.
– à prendre en compte la psychiatrie génétique la prochaine fois S14A.
– à laisser tomber les duels pour une vision multiple S14C et sans oublier les priorités C2022.

Le Temps du Duel

Plutôt que de jouer de la gâchette ou de l’harmonica, prenons le temps de philosopher avec Francesca Merlin C4 autour du débat entre la nature innée et propre à notre génétique, et la nurture, faite de nos expériences et de l’environnement dans lequel nous avons évolué.

Loin d’être un débat des temps modernes, il y avait déjà un monde entre les facteurs innés défendus par Platon et le façonnage behaviouriste de Watson laissant suggérer que l’humain était une ardoise vierge, une vie à façonner.

Mais le débat a évolué et prendra des airs contemporains pour notamment étudier les interactions gênes et environnement autour de la théorie de Terrie Edith Moffit. Pour les aficionados des docu-séries de Netflix, il pourrait y avoir du Dahmer dans l’air, quand on connaît ses études sur les comportements antisociaux et les liens avec l’interaction du polymorphisme dans le gène MAOA et des mauvais traitements durant l’enfance. Pour tous, la réflexion sur ses travaux et ceux de son collègue Avshalom Caspi ne pourront que nourrir la réflexion sur l’influence de l’entremêlement génétique et évènements de vie sur un certain nombre de traits humains et pathologies psychiatriques.

Un conte de fées ?

A la façon des trois fées penchées sur le berceau de la Belle au Bois Dormant, serions-nous définis dès notre naissance ? Et si la méchante fée se mêle au bal sans y être invitée, comment la repérer ?

La recherche génétique en psychiatrie ne s’est pas endormie sur ses lauriers et a encore des avancées à nous rapporter lors du symposium S14A. Ce n’est pas une histoire de château ou de prince charmant qui nous sera contée, mais plutôt d’analyses cytométriques par puce à ADN permettant la recherche de microdélétions ou de microduplications. Et si le baiser du Prince Charmant ne nous libèrera pas du sort, le conseil génétique pourrait revêtir un intérêt majeur bien que peu utilisé à ce jour. Nul doute que ce symposium nous fera descendre de notre tour d’argent pour prendre en compte les différents aspects de la psychiatrie génétique, de l’indication des tests génétiques, aux modalités de réalisation et d’interprétation et à l’annonce des résultats.

Mais il n’est jamais qu’ « une fois » dans une telle histoire ! Et c’est ce que le symposium S14B nous démontrera que ce soit par les variants génétiques partagés associés aux TSA et au TDAH ou par les interactions gène-environnement.

 Qu’est-ce que l’on fait avec le gosse ?

Mais que se passe-t-il dans l’Ouest d’ « il-était-une-fois » ? Un traumatisme psychologique infantile ? Une multiplicité de facteurs environnementaux défavorables ? Et dans cette fois faite de duels, comment compter les scores de risque polygénique ? C’est de toute cette riche complexité que nous fera part le symposium S14C . Il nous permettra de nous interroger sur le duel inné-acquis jusqu’à remettre en cause son existence. Nous nous sentirons à l’Ouest de continuer à les dichotomiser à la lumière des dernières recherches sur le sujet. Quand le risque génétique se mêle au facteur de risque environnemental, les facteurs de risque peuvent-être supposés comme des conséquences-mêmes du trouble. Et le duel n’en est plus un pour devenir une interaction, à l’image de la probabilité plus accrue de vivre dans des zones urbaines chez les individus présentant un risque génétique de schizophrénie.

Alors plus de duel, mettons-nous d’accord dès la conférence inaugurale C2022 sur le fait que la recherche en santé mentale est une priorité et nous donnera plus d’une fois l’occasion de réfléchir à la notion de transmission.