Edito – Thérapeutiques – CFP 2021

1e vague… 2e vague… 3e vague…… 5e vague bientôt ? Nous sommes tous devenus des surfeurs… Nos vies actuelles sont (un peu) rythmées par les vagues successives que nous subissons depuis deux années maintenant et nous attendons, non sans une certaine appréhension, la vague suivante, celle qui décidera de notre sort (Faudra-t-il rester chez soi ? Pourrons-nous sortir à nouveau ? )… Joël de Rosnay, scientifique, écrivain et ancien champion de surf, dans son ouvrage récent « La vague, métaphore de la vie… », nous invite à surfer la vie en pleine conscience du déterminisme et de la liberté qui nous animent, dans une vision bien plus réjouissante et optimiste que notre perception actuelle de la vague, des vagues, qui nous terrassent plus qu’elles nous portent.

Après la vague numérique 2020 du « e-CFP » à Strasbourg

Dans la vague 2021 du CFP « Connexions » à Montpellier, vous pourrez assister à plusieurs interventions autour des psychothérapies, alors que nous apprenons au début du mois de novembre 2021, le décès d’Aaron Beck, père de la TCC, qui s’est éteint chez lui à Philadelphie à l’âge de 100 ans : quelle place pour les TCC récentes, dites de « 3e vague », dans la schizophrénie, approches fondées sur la notion d’acceptation (ACT : Acceptance & Comittment Therapy, Thérapie d’Acceptation et d’Engagement) et la méditation de pleine conscience (Mindfulness) ? Ces approches, efficaces dans d’autres champs de la santé mentale et proposant de se focaliser sur la façon dont le sujet réagit à ce qui s’oppose à ses valeurs personnelles, peuvent-elles être bénéfiques dans la schizophrénie ? La méthode ACT propose l’identification par le patient de ce qui est vraiment important pour lui, et l’apprentissage de nouvelles réponses à ce qui s’y oppose, alors que la méthode Mindfulness propose d’amener volontairement une attention sans jugement sur l’expérience du moment présent. Ces techniques pourraient notamment être bénéfiques dans l’approche du patient atteint de schizophrénie face à ses hallucinations (D01). Les psychothérapies de type reconsolidation (thérapie brève sur quelques séances associant la prise d’un béta-bloquant et la lecture d’évènements traumatiques vécus) seront également abordées, notamment dans le champ des états de stress post-traumatiques et auprès des populations migrantes (FA23). Enfin, une discussion sur l’harmonisation nécessaire des pratiques en psychoéducation (éducation thérapeutique), qui tendent à se démocratiser maintenant, sera proposée en raison de l’hétérogénéité encore trop forte des méthodologies proposées à l’échelle nationale (D02).

 de l’immunité à l’électricité

Au plan psychopharmacologique, assiste-t-on également à une nouvelle vague avec les approches innovantes des traitements adjuvants dans la schizophrénie ? Les dysfonctionnements immunitaires associés aux troubles psychotiques (de l’inflammation chronique de bas grade jusqu’aux processus auto-immuns) peuvent justifier l’instauration de traitements immuno-modulateurs (antibiotiques, Anti-Inflammatoires Non Stéroïdien (AINS), biothérapies immunosuppressives), de la psycho-nutrition (afin de limiter notamment l’obésité majorée par la prise d’antipsychotiques) et de traitements hormonaux type hormones sexuelles, de type œstradiols et modulateurs des récepteurs aux œstrogènes (qui jouent un rôle important sur les processus émotionnels thymiques et cognitifs) (FA08). A noter un fait marquant dans l’actualité Covid : l’apport des antidépresseurs de type ISRS (fluoxetine et fluvoxamine) pour limiter le développement de formes graves liées au coronavirus ! C’est le constat du Dr NicolasHoertel : aucun des patients âgés hospitalisés dans son service de psychiatrie, ne développait de forme symptomatique de Covid, même lorsqu’ils avaient été en contact avec des personnes positives (C2).

L’électroConvulsivoThérapie (ECT) reste discutée, au travers des résultats d’une enquête sur le recours à l’ECT dans la prise en charge de la dépression en France, en montrant une sous-utilisation de cette dernière malgré l’existence de recommandations avec des indications de première intention (FA03).

La parité pour les essais cliniques !

Cette année, vous aurez également la chance de pouvoir assister à différentes sessions, proposées par l’AFPBN et dédiées à la santé mentale au féminin, partant notamment du constat que les femmes demanderaient plus volontiers une aide médicale et médicamenteuse en cas de souffrance mentale ou psychiatrique que les hommes (et ce dès l’adolescence), ainsi qu’une observance plus rigoureuse au traitement (FA01). Au plan médicamenteux, un symposium apportera une réflexion sur l’utilisation des psychotropes chez la femme, qui est plus susceptible que l’homme de présenter des effets indésirables aux traitements, du fait de variations pharmacodynamiques et pharmacocinétiques, et tenant compte du fait que les études cliniques seraient habituellement menées plus volontiers chez des hommes avec des posologies calculées pour ces derniers (FA01C).

Enfin une thématique qui reste d’actualité d’année en année en suscitant émoi, colère et débats dans nos sociétés : la prise en charge de la pédophilie et surtout de la pédocriminalité. Une session vous présentera les options pharmacologiques envisageables, en complément des psychothérapies. En effet, un traitement médicamenteux bien conduit, notamment hormonal (acetate de cyproterone ; triptoreline), peut s’avérer essentiel surtout chez certains auteurs d’agression sexuelle (D10).

A garder à l’esprit en attendant la vague suivante… 

Comme le dit Bethany Hamilton, championne de surf ayant perdu son bras gauche suite à une attaque de requin : « la vie ressemble beaucoup au surf… Quand vous êtes pris dans la zone d’impact, vous devez simplement vous relever. Parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut se passer sur la prochaine vague… ! ».