CFP2022

R03 – COVID long : des mécanismes cognitifs et comportementaux ?

Alors qu’au 8 janvier 2023 on dénombre plus de 659 millions de cas COVID 19 confirmés dans la population mondiale, ce nouveau virus, comme l’impact des perturbateurs endocriniens sur nos capacités intellectuelles et mentales, va-t-il nous faire perdre encore quelques milliers de neurones ?

A l’image d’Idiocracy, les conséquences de l’infection SARS-CoV-2 et la persistance des troubles peuvent-ils laisser penser à un phénomène évolutif qui fera radicalement baisser le niveau intellectuel et mental de la population ? Si la question peut paraitre un tantinet scandaleuse, elle convient parfaitement à l’hypothèse de notre expert Cédric Lemogne, qui, sous ce même air de scandale, soulève l’idée que le COVID long est un trouble somatique fonctionnel.

Points d’interrogation

Lorsque l’on parle des symptômes persistants suite à une infection SARS-CoV-2, le point d’interrogation demeure de rigueur étant donné que les connaissances actuelles ne peuvent, de raison, que se prêter aux interrogations plus qu’aux affirmations. Alors que différentes et multiples pistes s’ouvrent sur les causes des COVID longs, Cédric Lemogne commence par revenir sur les causes principales établies avec une question affichée : mais pourquoi cette persistance ?

Serait-elle la résultante des séquelles d’un épisode initial sévère ? La réponse sera négative en prenant comme argument le fait que des symptômes persistants sont observés après des épisodes peu sévères.

Serait-elle due à des processus physiopathologiques persistants ? Infectieux ? Immunitaires ? Vasculaires ? Neurodégénératifs ? En s’appuyant sur de récentes recherches ayant comparé les modifications structurelles et anatomiques de patients infectés ou non par le SARS-CoV-2, notre expert ne nie pas les altérations dues à l’infection mais nous interroge quant au lien direct entre ces altérations anatomiques et les symptômes persistants. Et si les modifications structurelles n’avaient rien à voir avec les troubles cognitifs persistants constatés ? La troisième hypothèse soulevée est celle d’une manifestation dépressive ou anxieuse. Hypothèse étayée non seulement par le fait qu’il est connu que les symptômes anxieux peuvent se manifester par des symptômes somatiques, mais aussi par des recherches plus récentes démontrant que les antécédents de détresse psychologique sont en lien avec le risque de développer des symptômes persistants post-COVID-19. Si cette explication demeure plausible, en revanche, l’inconstance d’une comorbidité anxieuse ou dépressive chez les patients dits COVID long démontre qu’elle ne peut suffire à tout expliquer.

Des humains reconditionnés ?

Et si le COVID long était comparable à une intolérance environnementale idiopathique ou encore à des précordialgies à coronaires saines ? C’est la question soulevée par Cédric Lemogne en ramenant le COVID long à un possible trouble fonctionnel somatique, c’est-à-dire à des symptômes invalidants mais dont l’origine ne peut être retrouvée dans les organes qu’ils désignent. Ces noms pour ces symptômes, retrouvés sous différentes étiquettes selon les spécialités médicales, se retrouvent sous une entité unique proposée par l’OMS : « le bodily distress sydrom ». Syndrome de fatigue chronique, fibromyalgie, syndrome de l’intestin irritable, autant de symptômes présentés par un patient COVID long qui peuvent poser question. Le tableau clinique des patients COVID long pourrait ainsi se comparer à un conditionnement répondant de type Pavlovien qui se traduirait par la persistance des symptômes présentés lors de l’infection en post-infection. Loin de nous prendre pour des pigeons, l’expert nous donne des exemples cliniques concrets de ce type de conditionnement avec, par exemple, les liens entre gastro-entérite et intestin irritable. Ce type de conditionnement serait en partie lié à la personnalité, avec un facteur de risque majoré en cas de tempérament anxieux, ce qui incite à nous interroger à nouveau : Si le tempérament est lié au conditionnement et que le conditionnement est en jeu dans les COVID longs, est-ce que la personnalité pourrait prédire les COVID longs ?

Dis-moi qui tu es…

…et je pourrais prédire ton risque de développer un COVID long. Notre personnalité, nos croyances pourraient ainsi présenter un facteur de risque de développement de COVID long. Alors baissez vos standards puisque le perfectionnisme serait retrouvé dans 79 % des cas de COVID long, oubliez le catastrophisme sur la sévérité attendue du COVID-19 qui vous rendra plus vulnérables et ayez confiance. En effet, le retentissement des symptômes serait en lien avec nos croyances et le type de sources d’information auxquelles nous l’accordons. Ainsi, si nous avons une défiance importante envers le gouvernement et une confiance à l’inverse envers les réseaux sociaux, les risques de retentissement des symptômes post-COVID-19 seraient majorés.

Et si notre expert n’écarte aucune des pistes défendues et suggère que cet aspect somatique fonctionnel ne peut concerner qu’une partie des patients, nous comprenons que nous serions crétins de ne pas envisager toutes les pistes possibles et chacune au même titre.