C2 – Antidépresseurs et Covid-19

Il n’y aura pas eu match… Score sans appel : Fluoxétine vainqueur par K.O…Hydroxychloroquine n’a eu sa chance qu’au début de la partie ! C’est l’histoire que nous raconte Nicolas Hoertel, celle de la découverte de l’effet anti-viral et anti-inflammatoire des antidépresseurs dans l’infection au covid-19.

Tout a commencé par le constat suivant dans les hôpitaux de l’AP-HP au début de la pandémie : la prévalence des troubles psychiatriques chez les patients hospitalisés pour le covid-19 est étrangement basse (environ 3,5 % contre un chiffre habituellement attendu de 10 à 15 %) … Dans plusieurs autres études, il est, par ailleurs, observé une mortalité réduite d’environ 50 % à 6 mois pour le covid-19 chez les sujets traités pour une dépression associée, surtout si le traitement antidépresseur est instauré rapidement (dès l’admission) et surtout s’il s’agit de fluoxétine ou de fluvoxamine.

Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer un tel effet : certains antidépresseurs, comme la fluoxétine, ont un effet FIASMA (Inhibition Fonctionnelle de la Sphingomyélinase), phénomène d’inhibition biochimique empêchant la dégradation de la sphingomyéline en céramides (protéines jouant le rôle d’amplificateur de signal pour une entrée facilitée du SARS-CoV-2 dans la cellule au niveau du récepteur ACE2), ainsi qu’un effet anti-inflammatoire direct (effet d’agonisme sur les récepteurs Sigma-1 associée à une diminution des cytokines inflammatoires IL-6, TNF alpha, CCL2). Ces molécules de l’inflammation sont, en effet, activées dans l’infection par le SARS-CoV-2, mais également dans les états dépressifs.

Après prise précoce de fluoxétine, la charge virale devient rapidement indétectable, quel que soit le variant testé, et les marqueurs d’inflammation (IL-6, TNF alpha et CCL2) sont fortement abaissés.

La diminution de la mortalité est plus marquée avec les antidépresseurs FIASMA qu’avec les non-FIASMA.

L’utilisation précoce d’antidépresseurs de type Inhibiteur Spécifique de Recapture de la Sérotonine (ISRS) (effet également constaté avec l’amitriptyline, un « ancien » tricyclique) permet une action à plusieurs niveaux dans l’infection au covid-19 : diminution de la sévérité des signes cliniques (baisse de la mortalité, baisse du recours à l’intubation), diminution de la réponse inflammatoire, diminution de la charge virale.

Par la suite, la fluvoxamine (sélectionnée en raison de son fort effet Sigma-1 notamment) a été proposée auprès de patients ambulatoires non dépressifs (200 mg/j pendant 10 jours) dans le cadre du protocole TOGETHER et a montré une diminution significative du risque d’hospitalisation et de mortalité, ainsi qu’une réduction franche de la mortalité (58 % versus 76 % entre le groupe fluvoxamine 300 mg/j pendant 15 jours et le groupe placebo) des sujets pris en charge en réanimation.

Vous l’aurez compris… Au prochain hiver
C’est le meilleur remède de grand-mère
Fluoxétine, je mettrai dans mon verre