CFP2022

JPPA1 – L’âgisme, une maltraitance globale

Un début de conférence à 8 heures, ça pique ! Et ça pique d’autant plus quand ça commence avec un examen et que l’on se rappelle les moments où nous étions encore sur les bancs de l’école de bon matin. Mais ce n’est pas pour nous parler de souvenirs de jeunesse que Stéphane Adam nous fait cours dans cette Rencontre avec l’Expert mais pour nous interroger sur notre rapport à l’âge et à nos aînés.

Sex in the aging

Commençons par revenir sur la question 4 de cet examen proposé par Stephen Adam, qui, même s’il n’a pas diffusé les vidéos associés promises, dévoile déjà son esprit pénétrant : « Quel est le pourcentage des hommes entre 80 et 102 ans qui déclarent avoir un rapport sexuel pénétratif durant les douze derniers mois ? » À cette question, chacun passe son tour ou passe la main. Les seules passes présentées seront celles du test attentionnel diffusé qui n’aura pour seul but que celui de nous montrer que le vieux singe ne se trouve pas toujours là où on le croit. Pas de réponse à notre question 4 pour le moment mais un questionnement qui s’ajoute : quelles sont nos croyances sur le vieillissement ? Bêtes ou intelligentes, chaudes ou froides, quels stéréotypes associons-nous aux personnes âgées ? Selon les réponses majoritairement émises, les personnes âgées seraient comme « les Wallons : pas compétents mais gentils ». Et quand on se penche de plus près sur le schéma présenté, nous ne pouvons que nous interroger sur d’autres stéréotypes dévoilés. Féministes : froides et compétentes, housewives : compétentes et chaudes. C’est chaud ! ou froid… on s’est compris quoi !

Et, au contraire des housewives, les personnes âgées demeurent sous-représentées sur les petit et grand écrans. De quoi être désespérés quand on voit que leur sous-représentation concerne aussi la santé, que ce soit dans leur inclusion au sein des essais cliniques ou la formation en médecine, et cela alors que 50 % des patients ont plus de 65 ans.

Tatie Danielle

Si Tatie Danielle semble la représentation-même de l’âgisme, elle ne réduit visiblement pas la beauté à l’âge. Âgés dépendants, âgés placés, âgés déprimés ? La réalité des chiffres met à mal nos préjugés et démontre qu’il n’y a pas d’âge pour être un sale gosse et que l’avancée en âge ne nous rend pas plus déprimés mais plus heureux. Des préjugés non sans conséquences, puisqu’il est démontré que notre façon de voir le vieillissement prédit notre propre vieillissement. Percevoir négativement le vieillissement augmenterait ainsi les risques de développer des troubles de mémoire, des troubles anxieux et dépressifs mais aussi des troubles cardiaques. Plus surprenant encore, percevoir de façon négative la vieillesse réduirait notre espérance de vie.

Convaincus pour faire une petite cure de vieillesse ?

Pour suivre cette cure il faudra commencer par changer vos habitudes. Aider nos aînés ? Oui mais à la hauteur de ce qui est objectivement nécessaire car, pour reprendre l’exemple de Stephen Adam, mieux vaut laisser son linge sale chez les parents que de le leur laver s’ils sont capables de le faire. Et loin de laver son linge sale en famille, cette perception ne doit pas se limiter au domicile dans la liberté des âgés d’être autonomes pour faire leurs choix sur leur mode de vie, leur lieu de vie et leur façon d’être bien chez eux. Les aînés ne sont pas plus déprimés que les jeunes, et leur sexualité reste toujours aussi emplie de désirs. Alors pourquoi ne leur prescrit-on pas plus de médicaments pour les problèmes de libido et de sécheresse vaginale et pas moins d’antidépresseurs et d’anxiolytiques ? Et en institution, pourquoi ne pas plus s’intéresser à leur histoire de vie alors qu’elle est bien plus riche que la nôtre et ne pas leur laisser le choix, le droit de choisir, quand ils vont voir un film ou comment ils veulent meubler leur chambre ? Aider n’est pas contrôler, vieillir n’est pas diminuer. Et l’important, jeune comme âgé, pour reprendre la citation du célèbre philosophe suédois Ikea, c’est d’être bien chez soi.

63 %

Ce chiffre, en réponse si attendue à la question 4, nous apprend que les hommes âgés, au contraire peut-être de leurs fesses, ne perdent pas en tonicité niveau sexualité. Un pourcentage qui rejoint un rapport récent des Petits Frères des Pauvres qui montre, à nouveau, que notre croyance sur les personnes âgées, leur bonheur, leurs désirs et leur sexualité, est très souvent erronée.

Car si on y réfléchit bien, plus on vieillit, plus nous sommes cernés par l’amour !!!